FÉVRIER 1916
— Le 1er. On me montre une note officielle où il s’agit d’exciter l’admiration des foules pour l’armée par d’héroïques récits d’exploits. Le romancier Henry Bordeaux, mobilisé dans un État-Major, est chargé de ce service dans une armée de l’Est.
— Je demande à Painlevé ce qu’il penserait d’une paix qui rendrait à la France la Lorraine annexée et ferait l’Alsace autonome. Un convive patriote éclate alors : « Le gouvernement qui accepterait cela serait déshonoré ! » Et j’ai vu se tourner vers moi des regards de réprobation, des visages de haine.
— Henry Bérenger écrit : « Si les zeppelins, au lieu de tuer des civils, avaient été sur Chantilly, quel désastre militaire pour la France ! » Sincérité, ou ironie ? De fait, les raids allemands semblent épargner Chantilly, comme ceux de nos avions épargneraient Mézières, où serait le G.Q.G. allemand.
— D’une lettre de Bouttieaux, apportée par un permissionnaire :
« Une activité énorme transforme la fortification passagère en semi-permanente. La barrière devient infranchissable. Les Allemands en font autant sinon plus.
« Moral des troupes remarquable. Nourriture très bonne et très saine. Pas de plaintes.