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beaucoup de vies et d’obus, puis la paix… Il croit aussi au surarmement, plus en matériel qu’en personnel, seul moyen, selon lui, d’être fort et de ne pas être embêté.

— Chez un coiffeur, on n’a pas pu promettre à une dame de la coiffer de toute la semaine prochaine, à cause d’un bal costumé pour lequel il y a 20 têtes à faire.

— Les théâtres regorgent. Duberry, secrétaire général de la Comédie-Française, dit que le théâtre est plus plein que dans la paix.

— On signale de petites confiseries de Montmartre où l’on boit de l’alcool après l’heure de fermeture des débits.

— Le 29 au soir, raid de zeppelins sur Paris. Un plafond de brume où se brisent les rayons des projecteurs. On entend de lointaines détonations. Je reste chez les R…, où j’étais, jusqu’à ce que sonne la fin de l’alerte.

— Les journaux du matin étaient pleins du raid de la veille, qui a fait 26 victimes. Tous crient au crime abominable, honte de l’humanité, odieuse barbarie et, sauf deux, concluent : « Faisons-en autant. »

— La censure a interdit de nommer les points de chute des bombes qui ont tué 26 personnes. Les soldats et les provinciaux qui ont des attaches à Paris doivent cruellement et inutilement s’inquiéter, du fait de cette ignorance

— Tristan me dit qu’en lisant tout haut ces articles où on a supprimé les noms des rues sinistrées et des hôpitaux où sont les victimes, en a l’impression d’avoir le hoquet.

— Mon neveu Claude, six ans, nourri de l’idée que les inventeurs se ruinent et ruinent leurs familles, pleure à grosses larmes en apprenant que je suis au