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çais, pour l’écarter un moment et n’en faire que son second.

Briand a engagé Castelnau à être gentil pour son vieux camarade Sarrail, à ne pas faire d’histoires. Castelnau, tout en regrettant que Sarrail ne crût pas en Dieu, admit que cela n’avait rien à voir avec les questions militaires. Les deux hommes ne s’étaient pas parlé depuis 25 ans. Castelnau aurait été cordial.

Quant aux officiers grecs, ils relèvent la moustache à la Guillaume II quand les alliés fléchissent et ils la laissent retomber quand les alliés sont forts.

— Le 21. Visite à l’usine Renault. Des milliers de femmes travaillent à la vérification et à la fabrication des obus et fusées. Pénible spectacle, celui de ces femmes qui, parmi les longs alignements de machines-outils, font de minutieux engins à tuer, bagues de cuivre des fusées, perles d’acier des shrapnells, bijoux de mort.

— Les bourgeoises demandent placidement à qui revient du front : « Le moral est-il bon ? » Ce qui veut dire : « Les hommes sont-ils toujours bien résignés à tuer, à se faire tuer ? »

— Un journal imprime que M. Clémentel, ministre du Commerce, va taxer le fret. Taxer le fret ! Limiter les bénéfices des gros intermédiaires ! On s’émeut. Vite, il dément.

— Nouvel acte du drame. C’est l’antagonisme des deux partis autour de l’offensive au printemps. Tous ceux qui reviennent du front assurent qu’on ne le brisera pas. Pour l’offensive, il y a les États-Majors, et tous ceux à qui on promet la victoire au printemps, depuis deux ans…

— Un journal dit que la Censure a interdit, par téléphone, de parler de la paix.

— Jadis, le Journal et le Matin rivalisaient à