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çaise, un soir : « Dis donc, comment que ça se fait, une république ? »

— Chez Victor Margueritte, Gabriel Voisin dit que le mal dont souffre l’aviation vient de la main-mise des officiers qui ont voulu régenter une industrie naissante. Il traite ces professionnels d’incapables, de salauds, de lie de la société. Il prend surtout à témoin Paul-Boncour, ancien ministre, actuellement officier d’État-Major, qui se défend d’y être pour quelque chose et d’y pouvoir quelque chose.

— Le culte de la patrie, hissée au niveau d’une idole, est une nouvelle religion, la plus terrible, puisqu’elle fait mourir pour elle.

— Ils sont un petit nombre d’exprimeurs qui veulent de la haine, encore de la haine. N’ai-je pas lu hier que les pacifistes, avant la guerre, nous conduisaient au renoncement de toutes nos gloires !

— On parle d’une évolution de la guerre dans le sens de l’économie : user moins d’hommes, moins d’argent, pour durer plus. « Une guerre à tempérament », dit Charles-Henry Hirsch. Je doute fort qu’elle se réalise.

— Il n’y a qu’un peuple où 43 députés sur 360 refusèrent de voter les crédits de guerre, et où les femmes pauvres renversèrent les tables de restaurants riches : c’est l’Allemagne.

— Le médecin L… se plaint de la dureté pour les militaires des populations de la Meuse, de l’arrogance du maire de Sampigny — village natal de Poincaré — tout gonflé d’importance depuis que Poincaré lui a dit : « Appelle-moi donc Raymond, vieille bête. »

— On me cite ce trait d’orgueil germanique. Un officier allemand, moribond, qui balbutie : « N’est-ce pas… que Gœthe… est le premier poète du monde. »