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— Feuilletons : Les Marchands de Patrie. La Poilue.

— L’impôt sur le revenu doit être appliqué le 1er  mars 1916. C’est comique. Tant de gens souhaitaient la guerre plutôt que cet impôt ! Ils ont les deux.

— À la formation automobile de Boulogne-sur-Seine, il faudrait traverser une route pour avoir de l’eau. Alors, on lave les roues avec l’essence des réservoirs.

— Les restaurants de Paris refusent du monde. Stupeur. Cela viendrait d’une intense circulation d’argent, de l’enrichissement des fournisseurs de guerre, des hauts salaires ouvriers…

— Mon voisin B… constate que l’humanité n’a fait aucun progrès depuis la préhistoire et qu’un parisien de 1916 est aussi féroce qu’un noir du centre africain.

— Quelle pénible situation, celle d’un officier de complément qui ne pense pas comme les autres, dans les popotes d’arrière-front où il est obligé de vivre en commun depuis 18 mois. À la table de R… — des médecins, pourtant — un des convives déclare qu’on n’était pas prêt à la guerre par le fait des Juifs et des Dreyfusards.

— On rapporte que, surtout dans le Nord, Français et Allemands sortaient des tranchées envahies d’eau et vivaient sur le parapet sans se tirer dessus, d’un tacite accord. On échangeait même des victuailles. Ces récits provoquent un malaise chez les patriotes, bien que la détente soit bilatérale. Ils veulent qu’on ne cesse pas d’être féroces. Ils ont peur que cela finisse.

— Pour voir leur mari au front, des femmes se sont fait délivrer des cartes de filles soumises par la