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Thomas. Rapport. Enquête. Et ces gens-là se plaignent de manquer d’hommes !

— Gravures de l’Illustration sur l’emprunt. Un vieux couple bourgeois offre ses billets avec un geste pieux. Harpagon s’évade de la Comédie-Française pour aller prendre du fameux 5 0/0. Pénible.

— Des Belges s’embarquent à la gare P.-L.-M.  J’entends deux Flamands dire : « Je ne veux pas monter avec ces sales wallons. » Flamands et Wallons sont Belges. C’est beau, les nationalités !

— Au premier choc, chacun considère la paix actuelle comme une calamité. C’est automatique. Aux sentiments qui expliquent cette haine de la paix, Bouttieaux ajoute une raison : « une paix victorieuse imposerait le désarmement ; une paix bâtarde entraînerait le surarmement ». C’est à voir. En tous cas, nul ne pense aux 2.000 morts par jour sur le front français. (Eh oui ; divisez 700.000, chiffre officiel au 16 septembre 1915, par 365.)

— Le 3. Un décret du ministre de la Guerre nomme Joffre généralissime. Décision imprévue du public. Crozier et d’autres pensent que, dans un moment difficile, le Gouvernement a voulu passer la main et faire, en particulier, de l’expédition d’Orient la chose de Joffre.

D’autres disent qu’ainsi il deviendra plus partisan d’expéditions comme une diversion en Italie contre l’Autriche, avec concours français. Jusqu’ici, le G. Q. G. résisterait à toute demande de matériel pour un contingent qui ne fût pas sur le front français. Désormais, il régnera sur toutes les troupes, ne fussent-elles plus sur ce front.

Enfin, beaucoup sourient en se rappelant que Millerand fut débarqué parce qu’il laissait trop de pouvoir à Joffre. Ses successeurs lui en donnent davan-