Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/179

Cette page a été validée par deux contributeurs.

une cérémonie officielle et maudit sa malchance. Mais non. Foch, qui est pour le faste, a voulu recevoir en grand apparat son ancien ministre.

— Le 22. Rencontré rue de Grenelle un officier turc, Sélim-Bey, qui servait dans les rangs français parce qu’il avait été condamné à mort en Turquie pour cause politique. Il ne conçoit pas bien pourquoi les Turcs se sont laissés entraîner à la guerre derrière l’Allemagne. Toutefois, il dit leur indignation, à partir du moment où ils ont su que Constantinople était destiné, d’accord avec l’Angleterre, aux Russes.

— On a fait un rapport aux Affaires Étrangères sur ce déjeuner chez Victor Margueritte où figurait la jeune journaliste suédoise. On a, paraît-il, tenu dans ce déjeuner des propos subversifs sur Joffre. On pense que c’est un Brésilien présent au repas qui se serait laissé tirer cette confidence excessive.

— Le 27. Le baryton de l’Opéra Renaud s’est engagé à 54 ans. Voyant ses cheveux gris, le capitaine de sa compagnie lui dit : « Voyons, qu’est-ce que je vais pouvoir faire de vous ? Savez-vous faire un peu de cuisine ? »

— Je vois une lettre désespérée d’un médecin qui a été aux Dardanelles et qui étale une sinistre gabegie, une mortalité insoupçonnée, la plus folle entreprise, tout ce que le militaire a pu faire de désordonné, de criminel, à cause même de l’éloignement de tout contrôle.

— Horrible ! Mme  X… dit que le bouillon aux Serbes manque de Grèce.

— À la gare de Pont-sur-Yonne, on a collé la célèbre affiche : « Taisez-vous, méfiez-vous, les oreilles ennemies vous écoutent », sur la porte des