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À ce propos, on dit qu’il aurait voulu que Poincaré et Viviani allassent au front, tandis que le gros des ministres seraient partis pour Bordeaux.

— Les fleurs baissent de prix. C’est logique. Il y a moins d’acheteurs et elles continuent de pousser. C’est ainsi que des fleuristes donnent à leurs clientes des orchidées rares, comme on donnait un bouquet de violettes.

— On dit que Delcassé est paralytique général. Quelqu’un émet : il y avait déjà tant de généraux paralytiques.

— On a beaucoup plaisanté sur l’âge de certains ministres, Freycinet, Combes, Méline, qui atteignent ou dépassent 80 ans. On a dit ironiquement : « Place aux jeunes ! » On a répété pour eux la phrase historique : « Debout, les morts ! » On les appelle aussi « la Pouponnière ».

— On espère que le général Galliéni, ministre de la Guerre, va changer la face de la guerre. Jusqu’ici il ne s’est signalé que par une circulaire contre les recommandations, qui punit l’homme qui est recommandé deux fois, et par une recrudescence de la chasse aux embusqués.

— Conflit entre Galliéni et la Commission de l’armée de la Chambre. Galliéni veut appeler la classe 1917 le 15 décembre. La Commission vote pour le 1er  février.

— Le 17. Étienne, le père de la loi de trois ans, se rencontre dans un dîner avec le professeur Widal. Duel pathétique entre ces deux hommes. L’enjeu, ce sont ces enfants de 17 à 18 ans, la classe 17. Widal adjure l’ancien ministre de garder la date du 1er  février : « Chaque quinzaine gagnée en hiver sauve des milliers d’existences. » Étienne répond qu’il faut obéir au ministre. « Alors à quoi bon les Commissions ? »