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NOVEMBRE 1915


— Un grand industriel de la rue d’Avron clamait ces dernières années que le commerce allemand nous envahissait, que ça ne pouvait pas durer, qu’il fallait une guerre, sans tarder. Il avait quatre fils. La guerre éclate. Trois fils sont tués. On met le quatrième en arrière des lignes à 10 kms. Un obus l’y atteint et le tue. Le père et la mère se sont suicidés.

— Écho de l’offensive du 25 septembre. Un colonel reçoit l’ordre de l’assaut. Il voit que l’artillerie n’a pas assez préparé l’attaque, que son régiment sera massacré. Il téléphone à l’État-Major qui répond : « Vous n’avez pas à discuter les ordres, mais à les exécuter. » Le colonel sort seul et se fait tuer.

— Le 2. Le roi de Grèce montre à notre ministre à Athènes une dépêche qu’il envoie au kaiser, celui-ci lui reprochant d’avoir consenti au débarquement des Alliés : « Il s’y serait sans doute opposé si une flotte allemande pouvait venir contrebalancer la puissance de la flotte anglo-française dans les eaux grecques. »

— L’ancien ministre Klotz disait à Tristan Bernard que la criminalité avait quadruplé depuis qu’on avait prolongé d’une heure la durée d’ouverture des débits. À quoi Tristan : « Mais qu’est-ce que la criminalité en temps de guerre ? Est-ce de ne pas tuer ? »