l’un des membres. Ribot apporte ces explications au Conseil avec tact. Chacun vit qu’il s’agissait de Millerand, qui était présent. Il eut un rictus d’homme qui apprend que son pourvoi est rejeté, plia ses dossiers, les jeta dans sa serviette. On crut à un éclat. Mais il dressa cette serviette sur ses genoux, y appuya ses coudes et attendit la suite avec un bon sourire.
— La chasse est fermée depuis la guerre. Les perdreaux sont familiers dans les champs et sur les routes, comme des poulets. Mme B…, voyant ces bandes se lever devant son auto, assure qu’ils doivent se dire : « Quelle bonne année de paix ! »
— C’est elle aussi qui, voyant des Hindous en costume parmi les troupes anglaises, des Hindous si étrangers à nos querelles si lointaines, demanda : « Croyez-vous qu’ils détestent beaucoup les Boches ? »
— Le docteur R… a vécu comme médecin dans les coulisses de l’offensive d’Artois. Elle aurait complètement échoué au sud. Un commandant colonial, affolé, lui disait qu’on avait jeté sa brigade sur des fils de fer intacts, et qu’il n’avait plus d’hommes…
On n’a jamais pris les crêtes de Vimy. On est aux flancs. Foch est d’ailleurs malade et, dans son allocution aux officiers avant l’offensive, il a donné une impression inquiétante.
Il y a, chez les officiers de troupe, une haine grandissante contre les États-Majors. On leur reproche leur ignorance du terrain. Des unités entières se sont perdues dans les boyaux. On reproche à ces officiers de ne pas venir en première ligne. S’agit-il d’enterrer des soldats sous le feu ? Pas d’officiers d’État-Major. Enterre-t-on un aviateur tombé loin derrière les lignes ? Il y a dix officiers d’État-Major.