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qu’il faudrait peut-être chercher autre chose… On me répond : « C’est la guerre ! Il faut bien passer. » Je commence à croire qu’il faudrait forger aussi des mots nouveaux pour peindre l’état d’esprit qui décrète ainsi des milliers de deuils et refuse même d’étudier d’autres solutions.

— Le 15. Étienne, ancien ministre de la Guerre, qui fit à ce titre voter la loi de 3 ans, c’est-à-dire plus officier qu’un officier, raconte qu’il a un protégé phtisique et qu’il ne parvient pas à le faire enlever du service armé, où il achève de cracher ses poumons.

— Il paraît qu’il faut trois mois pour remonter le moral des hommes et reconstituer les unités pour une nouvelle offensive.

— On fusille beaucoup. Ai-je dit qu’il avait fallu instituer une sorte de conseil d’enquête, avec médecin, devant l’extrême facilité avec laquelle les cours martiales condamnaient à mort ?

— Le 19. On décide que Viviani lira à la Commission de l’armée la lettre de Delcassé et la réponse qui y fut faite. Viviani, seul, était hostile à cette décision. Delcassé écrivait qu’il était en désaccord pour Salonique. Viviani répondait qu’il n’avait jamais manifesté ce désaccord au Conseil et que toutes les mesures avaient été prises avec son consentement.

— Le Conseil d’État, comme toutes les assemblées d’hommes vieillissants, est un foyer belliqueux. On y déclare que ce serait un grand malheur que Cambon fût aux Affaires Étrangères, car il pourrait signer une paix prématurée !

— Ribot pressent Freycinet (le 20) pour les Affaires Étrangères. Freycinet, qui a 87 ans, résiste. Il faudrait modifier le cabinet, en éliminer au moins