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offensives par le mauvais état du terrain, détrempé de pluie. Ce matin, voyant l’averse, Tristan me téléphone : « Il tombe des excuses du ciel. »

— En un an, la mentalité des bourgeois n’a pas changé. Ils sortent des chiffres fabuleux : quatre Allemands tués pour un Français. Ils continuent d’affirmer que les Allemands fuient devant nos attaques…

— On me cite des métamorphoses amenées par la guerre : le braconnier qui revient gradé, affiné, parlant avec désinvolture de ceux qui étaient ses supérieurs sociaux ; et aussi le valet de chambre qui revient avec la Légion d’honneur.

— Il y a de graves coïncidences d’événements. Il faut envoyer des troupes en Grèce d’urgence, afin d’empêcher les Allemands d’arriver à Constantinople. La Grèce consent à notre passage à Salonique. Mais Joffre ne veut pas donner de troupes. Quant aux Serbes, ils veulent se jeter, disent-ils, sur les Bulgares avant que ne soit achevée la mobilisation de ces derniers. En deux jours, à les en croire, ils seront à Sofia. Les Anglais s’opposent à dégarnir franchement les Dardanelles. Enfin, les Italiens ne veulent pas débarquer à Salonique parce qu’ils sont en délicatesse avec les Grecs !

— On apprend que la brèche de l’offensive — elle n’est plus que de 500 mètres — n’a pu être franchie. On craint même pour les éléments qui ont passé. Poincaré, très nerveux, se plaint que l’État-Major ne l’informe pas exactement. Et comme on surprend d’habitude par T.S.F. le communiqué allemand vers 3 heures, il dit aigrement : « Enfin, nous saurons la vérité à trois heures… »

— Le 30, soir. Bouttieaux, navré, téléphone à 6 h. 30. Malgré le beau temps, on n’a rien fait. Les