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nommée le rouleau compresseur, l’appelle la Pompe aspirante.

— L’imprimerie Charaire dresse pour les officiers des cartes de la Meuse au Rhin, et du Rhin à Berlin.

— Le tzar devient généralissime russe. C’est pour évincer le grand-duc Nicolas, libéral, parlementaire. On se demande s’il y aura lieu de créer une Régence, qui reviendrait à la tzarine. Or, elle est sous l’influence la plus étroite d’un pope illuminé, Raspoutine, germanophile avéré.

— Le 7. Painlevé a vu Castelnau qui lui tint le même langage résigné qu’à Foch. Painlevé s’en effara devant Poincaré. Quoi ? Risquer une offensive sous les ordres d’un général qui n’y croit pas ? Poincaré va voir Castelnau. Ce dernier dit qu’il n’était pas obligé de dire la vérité aux députés, qu’il tenait ce langage pour dérouter ses interlocuteurs, mais qu’en vérité il avait confiance. Ainsi s’expliqua Poincaré au Conseil. La créature est diverse. Castelnau fut peut-être successivement sincère dans des discours opposés.

— Le 9. L’optimisme béat, aveugle, encroûté, des classes bourgeoises ne cessera pas de me stupéfier. J’entends des voisins de wagon, qui viennent d’acheter les journaux. « Quoi de nouveau ? » demandent les femmes. L’homme répond : « Une victoire russe. » Notez que les Russes battent en retraite depuis quatre mois. Et c’est tout sur la guerre depuis Fontainebleau jusqu’à Paris. Une autre fois, une dame lit le communiqué après avoir pris un journal dans une gare et déclare d’un ton satisfait : « Nous avons gagné 400 mètres », puis parle d’autre chose. Ça leur suffit. Ils sont contents.

— Tristan Bernard, au téléphone où les conver-