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de leurs lignes. Représailles indiquées, cependant, contre nous, qui avons lancé 30 avions sur Stenay, un jour que nous croyions le kronprinz dans cette ville. Un parlementaire, qui n’aime guère Joffre, qui le juge médiocre et pense que les Allemands partagent cette appréciation, ne résiste pas au plaisir d’une boutade. Comme je m’étonne que les Allemands épargnent Chantilly, il me répond : « Mettez-vous à leur place ! »

— Avenue de la Grande-Armée, un bar a pris pour enseigne : « Tout va bien ». Un autre, cinquante mètres plus haut : « Tout va mieux ».

— À la séance de la Chambre du 20 août, Millerand lit un discours d’une voix agressive. (Ses collègues ignoraient son intention de parler, bien que, dans une note de presse, on le prétendît d’accord avec eux.) Trois points surprennent :

1o Apologie de Troussaint, qui vient d’être disgracié comme directeur du Service de santé. 2o Allusion à Sarrail, frappé, dit Millerand, pour raisons militaires et non politiques ; un tel jugement surprend, à la veille de le nommer à la tête de l’armée d’Orient. 3o Apothéose de Joffre, où Millerand lie habilement son sort à celui de ce général.

On dit que c’est une torpille au flanc du cabinet.

— Le 21, au Conseil, Augagneur attaque violemment Millerand. M. Thomson évoque 1870, invite à l’union sacrée entre l’armée et la nation et reproche à Millerand les trois points susvisés de son discours de la veille.

— Troussaint, disgracié, est nommé dans un poste important d’inspection. Poincaré refuse de signer le décret. Millerand se passe de la signature, par un arrêté ministériel. C’est un petit symptôme d’insurrection militaire.