Millerand accepte l’attitude que se propose de prendre le cabinet, mais à deux conditions :
1o Viviani le défendra mieux que dans l’interpellation Favre.
2o Ses collègues ne parleront pas contre lui dans leurs groupes.
Viviani réplique amèrement. Il rappelle le cas où le Conseil fut joué par la Guerre, comme dans l’histoire Bacquet, promu dans la Légion d’honneur après avoir été débarqué. Le Conseil n’est pas obéi. Sembat prend pour lui la seconde allusion de Millerand. Oui, il a parlé dans son groupe. Millerand oublie-t-il que depuis un an Sembat et Guesde le défendent contre les socialistes, qui accusent Millerand de « creuser le fossé entre la Nation et l’armée » ?
On discute le mode de débat. Pas de comité secret. On y peut voter dans l’ombre contre le cabinet. Mais on peut accepter un débat secret devant les grandes Commissions, auxquelles tous les députés pourront se joindre. On videra tout. Et on votera en séance publique.
— Le 17. Les radicaux-socialistes n’acceptent qu’à demi cette forme de débat. On invoque des obstacles matériels. On observe une détente dans les groupes. Cependant, Sembat dit qu’il démissionne si Millerand reste. Mais on lui montre le péril : les socialistes écartés, c’est justement le triomphe de Millerand.
— Le printemps dernier, la Commission sénatoriale de l’armée délégua des représentants près de Poincaré pour lui dénoncer le péril des munitions. Il y avait Freycinet, Bourgeois, Clemenceau, Doumer. Poincaré était assisté de Viviani et Millerand. On parla beaucoup et confusément. En sortant,