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— Les patriotes s’indignent que la censure ait laissé donner comme titre au message du pape : « Éloquent plaidoyer en faveur de la paix ». Pour eux, toute suggestion de paix est allemande.

— Bienvenu-Martin dit à un de ses collègues : « Nous méritons d’être fusillés, car nous n’avons pas assez d’énergie. »

— Feuilletons : Le roi des cuistots, par un poilu. La Dame de Postdam. Le Secret de Guillaume.

— Joffre a déjeuné à l’Élysée le 31 juillet. Il cède sur l’expédition des Dardanelles, la nomination Sarrail, la visite sénatoriale à Verdun.

Mme Veuve Pelletan, exprimant au secrétaire général de la présidence son dépit que Poincaré n’eût pas assisté aux obsèques de son mari alors qu’il fut à celles de De Mun, ce secrétaire répond : « Oh ! madame, le président devait tant au parti de M. De Mun ».

— Je passe quelques jours à Serbonnes, jusqu’au 15 août. Au retour, j’apprends quelques détails rétrospectifs. Viviani, souffrant, a été engagé à prendre un repos immédiat. La prise de Varsovie a déprimé l’opinion. Il y a en, le 13, une violente séance à la Chambre sur le service de santé. Enfin le Conseil des ministres du samedi 14 fut assez agité. Des groupes radicaux-socialistes avaient en effet invité le Gouvernement à se séparer de Millerand. Les ministres sont d’avis qu’on ne peut pas obéir à cette injonction. Le ministère doit se présenter entier. « Ou alors, dit Doumergue, démissionnons tous, avec engagement de ne pas faire partie du nouveau cabinet. » Ribot, prudent, détourne de ce projet. Il en sait les inconvénients. Il cite l’exemple de son court ministère, peu avant la guerre, où l’on prit cette décision, sans la suivre.