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AOÛT 1915


— Un soldat du camp de Mailly me dit qu’ils ont faim, qu’ils n’oseraient pas se plaindre à des Officiers, mais qu’ils se confesseraient à des députés. Ce qui renforce la thèse du contrôle parlementaire. Ce soldat ajoute que certains officiers sont si durs qu’ils sont condamnés d’avance à être tués par leurs propres troupes dans un engagement.

— Je rencontre Lyautey dans la cour de l’hôtel du ministre de la Guerre. Il m’entraîne à faire dans cette cour les cent pas pendant une heure, à vive allure. Il me rappelle sa visite aux troupes marocaines, ses rencontres avec Foch, Roques, Humbert. Il a l’impression d’un outil admirable auquel il manque une poigne pour le manier.

Puis il se lance dans l’esquisse d’un gouvernement de guerre. Il crée un secrétaire général de la Défense. Les ministres sont uniquement occupés de la guerre. Ce sont des sous-ordres qui s’occupent des rapports politiques. Des commissaires aux armées sont soigneusement triés parmi les parlementaires et le restant de ces parlementaires sont invités à aller aux champs. Il termine : « Voilà, mon vieux Corday. Ce n’est pas trop idiot ? »

— Un Lyonnais a épousé une Allemande. Disputes. Il la tue. Le conseil de guerre l’acquitte.