siper le cauchemar de la mégalomanie allemande ». Il prédit les effets néfastes d’une paix boiteuse. Aussi engage-t-il le pays dans une lutte fatalement longue.
— J… raconte que les aviateurs allemands ont offert aux nôtres de ne plus bombarder de villes, à charge de revanche. Ces tentatives de relations seraient fréquentes. Il dit encore, parce que l’artillerie met fin aux trêves de tranchées : « Sans l’artillerie, la guerre serait finie. »
— Le 15 juillet. Lettre d’un soldat du Bois-le-Prêtre. Il dit qu’on a perdu en une demi-journée ce qu’on gagne en un hiver. Il en devient fou. Mais comment se faire une idée exacte de la mentalité « de la majorité » de l’armée ? Les témoignages sont si divers. Des soldats affirment qu’ils ne veulent plus sortir des tranchées. Et cependant, ils sortent. J’ai lu encore une lettre d’un capitaine maudissant son colonel stupidement sévère et déclarant : « Parti royaliste, je reviendrai antimilitariste. »
— Il y a enfin des permissions de quatre jours pour les soldats du front ! Ai-je assez lutté pour cette idée devant des dirigeants, depuis le jour où l’on me répondait rageusement : « Eh bien, faisons la paix ! » jusqu’au jour où l’on se fit l’avocat de cette cause près de Poincaré…
— Le docteur R… écrit de Doullens : « Ce sentiment d’horreur, ce désir de voir bientôt cesser ce carnage, je ne l’ai pas entendu exprimer une fois par les officiers. Jamais je n’aurais cru qu’on pût être à ce point, non pas résigné, mais habitué. » Citant ce passage devant de grands patriotes, je provoque un éclat : « Il ne manquerait plus que cela que les officiers fussent autrement. Ce serait à les fusiller. »
— Viviani traite Millerand comme le dessous de rien. On discute au Conseil l’opportunité de faire