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avis favorable. La fête est décidée. On adopte la formule que je souffle à Bouttieaux : « Ne pouvant pavoiser la ville, on pavoisera le ciel. » Cent avions doivent veiller.

— À neuf heures du soir, un capitaine de gendarmerie et deux sbires descendent dans les grands restaurants, s’assurent des situations militaires des clients et coffrent ceux qui devraient être rentrés à 9 heures (les aviateurs).

— Cette guerre aura montré l’inanité de la guerre. Car elle aura apporté des morts et des ruines sans résultat.

— 14 juillet. Viviani, écœuré, veut s’en aller. Il est las d’être crossé par la Commission sénatoriale de l’armée. Ne lui a-t-on pas sorti là une lettre de Joffre, d’octobre 1914, demandant de l’artillerie lourde ? Et on lui avait laissé ignorer la lettre.

— 14 juillet. Temps à éclaircies. Foule silencieuse. Des blessés, des amputés, des capotes délavées de permissionnaires. Autant de quêteuses que de passants, pour je ne sais quelle œuvre. Des régiments passent en musique ; penser que tous ces hommes iront à la boucherie… À l’Étoile, une chanteuse envoie la Marseillaise. Il faut enlever son chapeau. Le cercueil de Rouget de Lisle descend les Champs-Élysées, suivi par le Gouvernement en redingote. Des avions dominent le cortège. Pas d’avions allemands. Seul, Delcassé s’est rendu à l’Étoile en auto ouverte. Il espérait une ovation, mais la foule resta muette. Elle exprimait à son insu l’impopularité de cette guerre, et ses appréhensions. En effet, quelle folle ovation ç’eût été pour le chef d’un État victorieux.

Poincaré a renouvelé, dans sa manière agressive et échauffée, le fameux « jusqu’au bout ». Il veut « dis-