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AOUT-SEPTEMBRE 1914

— Il y a, dans les hôtels, nombre de pimpants officiers d’État-Major, diaprés comme des aras. Une jeune femme en ayant pris un pour un chasseur d’hôtel, elle s’attira le regard le plus mitraillant…

— Chacun se préoccupe de justifier, de légitimer sa situation au point de vue militaire.

— L’excellent et le pire éclatent. Il y a des dévouements infinis et nombre de Bordelais spéculent sur la location des chambres aux Parisiens.

— Une jeune femme case à Bordeaux les réfugiées recueillies d’abord dans ses ouvroirs parisiens. Le premier soir, elle ne sait où les coucher. Elles sont sur un bateau-cantine qu’elles doivent évacuer. Un agent de police vient à son aide, se fait ouvrir de louches petits hôtels de rendez-vous où il parle en maître. En un quart d’heure, tout le monde est logé. Et le lendemain c’est, de la part de ces entremetteuses, de petits soins, le café au lait…

— Viviani, président du Conseil, se plaint des façons de Mme Poincaré. Il dit : « C’est une emmerdeuse. »

— Au Conseil, on dit devant Briand qu’on a détruit les ponts de la Meuse pour couper la retraite aux Allemands. Lui s’indigne : « Au contraire ! Qu’on leur foute des ponts, nom de Dieu ! »

— Pierre Loti veut reprendre du service. Mal reçu à la Guerre et à la Marine, il parle de s’engager comme brancardier.

— Chacun affiche des sentiments cornéliens et tremble en même temps pour ses proches.

— Un télégramme allemand, daté du 8 septembre, envoyé de Berne, mande aux Américain de vider Paris.

— Poincaré veut souvent adresser des proclamations au pays. On doit le refréner.