Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/126

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Conseil ne puisse pas se faire écouter des bureaux de la Guerre. Est-ce que Becquet n’est pas promu dans la Légion d’honneur, lui qui a arrêté la fabrication des canons ? Poincaré interrompt. Il ne sera pas décoré tant qu’il n’aura pas signé le décret ; lui vivant, il ne signera pas. (Millerand passa outre. Le ministère appartient à la zone des armées où la signature du président n’est pas nécessaire.) Millerand, que devraient toucher ces discours, fait le gros dos et feuillette des dossiers. Enfin, en bon avocat, il fait volte-face, se dit prêt à défendre devant le Parlement les actes de son ministère. Il justifiera ce général Bacquet qui a jugé opportun de suspendre la fabrication des canons pour celle des obus. Bacquet a donné son temps, son activité à sa tâche : au moment de se séparer de lui, pourquoi ne pas le récompenser ?… Millerand sort. La plupart des ministres l’accablent. Et alors Ribot, finement : « Eh, eh, messieurs, nous sommes en train d’approuver l’ordre du jour de la commission du Sénat… »

— Le 24. Un Conseil s’est réuni, composé de Poincaré, Joffre, Viviani, Millerand, les trois généraux de groupes d’armée, Foch, Castelnau, Dubail. On y décida d’attendre, avant tout, que les Anglais soient munis de projectiles. Cela demandera deux mois. Ces généraux verraient sans ennui une offensive allemande, faite avec les troupes retour de Russie, car on provoquerait une contre-attaque… (?).

— On dit, les uns avec espoir, les autres avec effroi : Doumer a un plan.

— Le romancier Wells préconise une aviation intensive.

— Le 25 juin. Tristan Bernard me dit : « Au train dont on va, la guerre ne durera pas quatre mois ; et nous ne nous rebattrons plus avec les Allemands,