— Le 22. Rue de Grenelle, il y a Briand, Wetterlé, Tristan Bernard. Briand conte des souvenirs de tranchées, à 35 mètres des Allemands. C’est étanche, propre. Les hommes sont rebondis de santé. Il a évité la mort à 50 centimètres. Il critique l’officier d’État-Major qui sait admirablement le débit en hommes et matériel d’une voie ferrée, mais qui, en Champagne, engage une division de renfort dans un boyau où le retour des blessés contrarie sa marche. Cette division arriva avec deux jours de retard. Il dit enfin que Castelnau avoue s’être absolument trompé quant à l’artillerie lourde. Et cela à la gloire de Briand, qui, lui, en demandait au moment du vote de leur loi de trois ans.
Il conte des anecdotes. Un officier allemand est blessé et soigné par un Français qui l’adosse à un arbre et qui lui donne à boire. L’Allemand porte la main à sa poche. Le Français croit que l’homme cherche son revolver. Il le tue. Dans la poche, il y a la photo de la femme et des enfants, que l’Allemand voulait lui montrer, par reconnaissance.
Un autre blessé allemand, épargné, soigné, tire deux coups de revolver sur son sauveur et le manque. Le sauveur le tue. Je lâche : « Le plus beau, c’eût été de le sauver tout de même. » Les faces se décrochent, les yeux s’emplissent de haine. Je suis accablé sous la réprobation générale.
À propos des séquestres de maisons allemandes, Briand conte encore que le chauffage du ministère de la Guerre et le séchage des poudres étaient confiés à des maisons allemandes.
— Après ce déjeuner du 22, Briand me dit en particulier que tout cela finira dans quatre ou cinq ans par un rapprochement franco-allemand.
— Le 22. Raynaud, ancien ministre, retour de