JUIN 1915
— 1er juin. On donne à des officiers du front des congés de détente, à passer dans une ville déterminée — comme Troyes, Épernay — avec leur femme.
— Poincaré n’aime pas Joffre. Ce sont des rivaux. Poincaré, avocat, est le chef suprême des armées. Et c’est lui qui, au Conseil, expose la situation militaire.
— Le président du Conseil Venizelos est tombé pour n’avoir pas pu faire partager son avis au roi. On dit : « C’est un Grec qui n’a pas su retourner le roi. »
— Humbert rapporte au Sénat qu’un canon semblable à celui qui bombarde Dunkerque fut construit pour l’Italie par le Creusot. Il est, après essais, à Harfleur. Le Creusot aurait signalé trois fois le fait à la Guerre, sans recevoir de réponse.
— En Espagne, les « grandes dames » prient pour le triomphe allemand.
— Mon camarade F… me disait qu’il avait reçu un coup en voyant combien Paris ignore la guerre. Il dit que les hommes en ont assez d’être cocus. Dans les campagnes, au contraire, on vit resserré, les uns contre les autres, dans le deuil, dans l’attente de la fin.
— Le ministre de Serbie écrit tristement à M. Thomson qu’on n’a pas mis le drapeau serbe