uniquement jeté la foule des humbles à la boucherie. Pour la première fois, beaucoup de jeunes bourgeois sont tués.
— Il faut, dit-on, 200.000 Anglais pour reprendre l’offensive d’Arras. Sinon, ils seront responsables de l’échec. On accuse aussi le manque de munitions.
— Un rédacteur de l’Auto, 47 ans, a 15 jours de prison pour avoir vu sa femme. Il est à Cormeilles-en-Parisis, à une demi-heure de Paris.
— On rapporte de la zone des armées l’impression que nombre de gens souhaitent inconsciemment que ça dure. Quiconque en revient me le confirme.
— Le pape semblait favorable aux Impériaux. On dit qu’il a pris un Taube (pigeon) pour le Saint-Esprit.
— À Nieuport, Poincaré passait une revue dans un de ces petits costumes, pet-en-l’air et casquette, dont il a le secret. Un enfant sur les bras de sa mère s’écria derrière lui : « Maman, il m’empêche de voir, ce chauffeur. »
— Mon camarade F…, de l’État-Major du 2e corps, revient de Lorraine. Il me dit qu’il y eut un ordre d’offensive générale le 5 avril 1915, non suivi d’effet. Il dit aussi l’impossibilité de vivre dans les tranchées l’été, à cause de la putréfaction. Sur le toit d’un abri étaient étendus des cadavres allemands, qu’on ne pouvait retirer, car une mitrailleuse repérait ce point. Lorsqu’il pleuvait, un liquide infect filtrait à travers ce toit. On le recueillait dans des bassines.
— Le Dr H. de Rothschild, retour de Dunkerque, dit que les obus à longue portée montaient à 8.000 mètres, et redescendaient sans bruit sur la ville. Ils pesaient 750 kilos et mesuraient 1 m. 25 de haut. L’un d’eux tua 47 personnes dans un café. Sa case-