— À Vichy, on traite les blessés comme des forçats. Un médecin qui fut blessé jadis aux colonies dit aux patients : « J’ai bien attendu sept mois, moi, avant d’être soigné. »
— Raphaël Dullos, rentrant de Londres, signale la vie normale. À peine d’obscurité. Des jeunes hommes, une jambe ou un bras en moins, ont repris le frac et la vie élégante. Joffre est là-bas plus populaire que Kitchner ou French.
— Titres de feuilletons : Les Amants de la Frontière, La route du 75.
— On a appris le vote des crédits et des pouvoirs italiens. On est incrédule. On attend le canon. Pas de drapeaux aux fenêtres.
— 21 mai. À Serbonnes, un coup de téléphone m’apprend l’affichage de la mobilisation italienne. Pauvres gens ! disons-nous. J’annonce l’événement au jardinier. Il reste sceptique. Il attend le choc. On retrouve partout cette hésitation. Elle explique le manque d’entrain pour pavoiser. Elle provient d’une défiance du sort, des longues tergiversations italiennes. Il y a des mois que les journaux disaient : « C’est pour demain ! » Et puis, des gens sévères disent : « Ils ont manqué à leur alliance. »
— La guerre favorise le despotisme des pouvoirs publics, qui a toujours pesé sur la foule. Les Compagnies de chemin de fer profitent de cette dictature. Les trains sont rares, incommodes. Le public a perdu tous les petits droits qu’il avait conquis.
— Régressions : les femmes font la noce du haut en bas de l’échelle sociale. « Il faut bien un homme à la maison » dit-on dans le peuple. Les gosses jouent uniquement à la guerre. Même les petites filles. Il y a une recrudescence de syphilis.
— Il est juste de noter que la guerre n’a pas