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l’argent chez Krupp. À quoi Augagneur : « Vous ne voudriez tout de même pas qu’ils placent leur argent dans leur pays ? »

— Le frère du roi de Grèce dit : « J’ai soupé de Venizelos ». Ribot demande comment cela se dit en grec.

— À propos de la guerre aux femmes légitimes aux armées, on remarque qu’elle est menée par des hommes vieillis, qui ne se rendent plus compte des besoins sexuels. On signale des troubles nerveux, des psychoses, après neuf mois d’abstinence.

— Un receveur des postes qui a vécu à Lille et à Roubaix rentre à Paris. Il dit la dépression des Allemands, leurs pleurs la nuit, leurs refus d’aller aux tranchées, les sanctions de fusillades et pendaisons. Il note que les officiers mènent grande vie et que l’occupation est correcte. Des soldats français en civil seraient nombreux et seraient peu inquiétés.

— Le parti-pris de tout celer de ce qui pourrait être favorable aux Allemands a fait taire le retour des femmes des départements envahis.

— La haine de l’Allemand est d’autant plus vive que le journal qui l’exprime est plus réactionnaire.

— On voit sur certaines cartes postales des prières laïques. Les dix commandements du soldat : « Homicide toujours seras… » La salutation à la baïonnette : « Je vous salue, Rosalie, pleine de charmes… »

— La propriétaire du château de Bellevue, à Soissons, est soupçonnée d’espionnage. On a trouvé chez elle des papiers allemands. Ce sont les certificats de naissance de ses chiens de berger ! On dit aussi que les Allemands ménagent le château. Enfin, un abus crève le salon. « Heureusement », écrit le jardinier.