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par stoïcisme qu’on ne proteste pas. Je crois que c’est surtout parce qu’on ne réalise pas ces atrocités stupides.

— À Serbonnes viennent dîner J…, père et fils, cultivateurs, à l’occasion du départ du fils, qui est de la classe 16. Le père dit qu’il est pour le corps à corps, sans armes. Le fils est pour la charge à la baïonnette. Voilà leur sentiment simpliste, en apparence. Au fond, un deuil affreux pour les parents, de voir partir leur unique enfant.

— Je me rappelle cette phrase d’un courtier en tableaux, à Trouville, le 29 juillet 1914 : « Ça ne peut pas durer, les journaux financiers ne gagnent plus rien. »

— On prétend savoir comment éclata le conflit. Et on ne sait même pas comment se forme un orage.

— Que de satisfactions pour ceux qui aiment la guerre ! À Auxerre, le réactionnaire Écho de Paris est dans toutes les mains. De vieux généraux croulants et chamarrés débarquent d’auto, parmi des courbettes.

— Et on se résigne aux morts. Deux frères sont tués. Comme leur mère est morte peu avant la guerre, on dit tranquillement : « Elle les a rappelés. »

— Une photo anglaise. C’est le débarquement de soldats venant en congé, selon la coutume anglaise. L’un est avec sa femme, l’autre avec son père. Ils ont l’air ravis, extasiés. C’est tout de même un peu plus civilisé que notre armée, qui cloître depuis neuf mois nos soldats, sans accorder de permissions.

— Titres de feuilletons : Le sang de la France, Tête de Boche.

— Tristan Bernard imagine les réflexions de Jeanne d’Arc : « Ils m’ont déjà réconciliée avec les évêques. Ils vont maintenant me réconcilier avec