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dais qui dit que les Allemands ont encore à manger. Et alors, chez les patriotes français, c’est une rouge indignation, qui accuse ce journal d’être vendu à l’ennemi. Ainsi la presse doit mentir, et ne dire que ce qui flatte.

— Le 30, Delcassé lit au Conseil une pathétique dépêche adressée à la Russie pour la décider à accepter les conditions du concours italien. Il s’agit de la Dalmatie. Même ceux qui n’aiment pas Delcassé admirent la dépêche. « La France, dit-elle, a mobilisé 4 millions d’hommes, en a perdu 300.000, elle est envahie, elle a fait tout ce qu’elle a pu. Tandis que la Russie, qui aurait pu en mobiliser 18 millions, n’a pas été jusqu’au bout de son effort. »

— Au-dessus de chez les T…, une femme chante faux et abondamment. M. T… dit que sa consolation, c’est qu’elle sera anéantie avant lui par les bombes des zeppelins.

— Pour annoncer que le péril des zeppelins est passé, les pompiers sonnaient : « Cessez le feu. » On y a substitué l’air de la Berloque. Un journal a mis au concours les paroles à chanter sur cet air. Painlevé dit qu’on devrait sonner : « Bon voyage, monsieur Dumollet. »

— Il est impossible de dire sa compassion, sa souffrance de la guerre. On vous répondrait : « Ni vous ni les vôtres n’y sont. » De ce fait, on vous dénie le droit de souffrir pour la collectivité.

— Painlevé dit qu’en s’élevant au-dessus des événements, la durée de la guerre ne paraît pas exagérée en regard de ses conséquences, c’est-à-dire le remaniement de la carte d’Europe.

— Loti, en mission près du général d’Urbal dans le Nord, a demandé audience aux souverains belges. Il a vu le roi, à son quartier général, dans l’abbaye