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Elle a fait connaître sa fondation par la circulaire suivante :


Rouen, le 1er juillet 1886.

Monsieur,

Vous êtes invité à honorer de votre présence une réunion en vue de fonder à Rouen une Société des Amis des Monuments rouennais, qui aura lieu le jeudi 8 juillet, à 4 heures très précises, à l’Hôtel de Ville de Rouen.

Cette réunion se tiendra sous les auspices et en présence de M. Charles Garnier, membre de l’Institut, architecte de l’Opéra, président de la Société des Amis des Monuments parisiens, et M. Charles Normand, architecte diplômé par le gouvernement, secrétaire général de la Société des Amis des Monuments parisiens.

Veuillez agréer, Monsieur, l’hommage de notre considération très distinguée.

H. Despois de Folleville, G. Dubosc, E. Fauquet,
J. Hédou, G. Le Breton.


La séance eut lieu à l’Hôtel de Ville sous la présidence de M. Lebon, maire de Rouen, ayant à sa droite M. Charles Garnier, à gauche M. Charles Normand. Le bureau était formé par les organisateurs de la Société.


M. Charles Garnier prit alors la parole en ces termes :


Messieurs,

Laissez-moi, avant tout, vous remercier de l’honneur que vous m’avez fait en m’invitant à assister à cette réunion, et vous exprimer la gratitude de la Société des Amis des Monuments parisiens. Cette société doit, en effet, vous être reconnaissante ; car pour arriver au but qu’elle poursuit, au résultat qu’elle recherche, il est nécessaire qu’elle soit soutenue de toutes parts et qu’elle s’unisse aux hommes de bonne volonté qui consentent à l’accompagner dans la route qu’elle a choisie.

Vous êtes, Messieurs, parmi les premiers qui reconnaissent cette solidarité indispensable ; vous avez compris que les efforts isolés ne peuvent toujours amener au bien, et vous nous apportez une vaillante collaboration qui constitue, non seulement une aide effective, mais encore un réel encouragement ; vous nous montrez ainsi que notre mission est utile et que la création, due à M. Charles Normand, peut et doit se développer et s’étendre sur toute la France.

Il serait même désirable qu’elle s’étendît à l’étranger ; car l’art de chacun appartient à tous, et le tort artistique fait à un pays s’étend fatalement à tous les autres.

Votre nouvelle fondation montre que vous êtes partisans des doctrines de notre société ; mais si vous venez avec nous, si vous approuvez les principes qui nous guident, nous savons que votre liberté personnelle ne peut être atteinte et que vous conservez toute votre indépendance. En effet, pour marcher côte à côte sans se nuire en chemin, il faut que chaque société particulière qui s’établit, chaque section qui s’organise, soit maîtresse absolue de ses actions ; il faut qu’elle ait son autonomie complète et qu’elle puisse agir en toute souveraineté au point de vue des intérêts spéciaux qu’elle a à ménager. Mais une fois cette œuvre terminée, il est bon que ces compagnies distinctes se réunissent à certains jours et fassent alors profiter celles-ci des travaux de celles-là.

C’est pour cela, Messieurs, que votre exemple est digne d’être suivi ; car si tous