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L’AFFAIRE DU TONKIN.

n’avoir recours aux armes qu’en cas d’absolue nécessité. Cependant, quatre mois plus tard, un choc avait lieu, et le commandant Rivière plantait glorieusement le drapeau français sur la citadelle bombardée. L’expédition se trouvait ainsi engagée. La retraite n’était plus possible sans dommage pour le prestige de nos armes et pour notre influence. Il fallait aller de l’avant, si les dangers de l’entreprise n’étaient pas hors de proportion avec les avantages que la France pouvait en attendre.

Dès ce moment, il s’agissait de nous établir en maîtres au Tonkin, et de faire prévaloir notre direction sur l’Annam, flanqué, au Nord et au Sud, par nos établissements du Tonkin et de la Cochinchine. Le but prochain ou éloigné était l’acquisition d’un vaste empire colonial dans l’Indo-Chine. La France y avait-elle intérêt ?

Oui, sans doute.

Cette affirmation est basée sur l’étude de tous les renseignements qu’il était possible de réunir alors. Elle a été confirmée, depuis, par de nouveaux éléments d’appréciation et par les discussions nombreuses auxquelles a été soumis le problème. La possession du marché du Tonkin et de l’Annam, l’ouverture de débouchés nouveaux et privilégiés, la mise en exploitation d’un pays riche, un point d’appui et de ravitaillement pour notre marine, un stimulant pour notre commerce et pour notre industrie ; l’avantage de faire contrepoids à l’influence anglaise, de nous créer des titres en Orient et d’affirmer par un acte de vigueur notre volonté de reprendre le rang qui nous convient parmi les nations : voilà, succinctement résumés, les motifs principaux qui, en 1882, ont déterminé nos hommes d’État à poursuivre l’entreprise du Tonkin. La question est encore discutée ; tous les arguments ont été produits, et chacun a sa conviction faite. L’histoire prononcera. Il suffit d’avoir indiqué ici les motifs d’une politique coloniale, qui ne devait entraîner pour la France aucun effort exagéré, aucun péril.

Quelles résistances pouvait-on prévoir à la fin 1882 ? Celle des Annamites et celle des bandes connues sous le nom de Pavillons-Noirs, tantôt alliés, tantôt ennemis des Annamites ? Il était