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L'HUMANITÉ NOUVELLE

Le voile est déchiré : plus d’élans nouveaux
Ni mystères attrayants, ni joie dans l’avenir,
Le calme des doutes confirmés
Les ténèbres du désespoir dans l’urne tourmentée.
Oh ! qu’on a peu vécu et beaucoup enduré !
Les espoirs radieux, et la jeunesse et l’amour
Tout cela est pleuré, raillé, oublié
Enterré et ne ressuscitera jamais.

J’ai cru à la fraternité mais au jour sinistre du malheur,
Je n’ai pu distinguer les frères des ennemis
Je rêvais pour les hommes le savoir et la liberté
Et le monde est toujours le monde des esclaves insensés ;
Je rêvais d’engager une lutte violente avec le mal
Par la toute-puissance de la Bonne Parole
Et dans le temple du vrai, dans le temple sacré de l’éloquence

Je perçois l’orgie criarde des trafiquants
L’amour, pour un instant, l’amour passe-temps de l’ennui
L’amour, cauchemar morbide, fumée lourde de l’orgie
Non ! je ne le regrette pas cet amour passé
Ce n’est pas à cet amour que j’ai rêvé en mes nuits d’insomnie.
Ce n’est pas lui qui m’apparaissait alors
Resplendissant d’une beauté idéale, paré de fleurs,
L’âme vierge et le sourire innocent ! »

Pauvre comme une mendiante, comme une esclave menteuse
Vêtue de haillons bigarrés,
La vie n’est belle que de loin
Et ce n’est que de loin qu’elle séduit et charme,
Mais à peine l’approches-tu, à peine la vois-tu
Face à face — que tu saisis la duperie
De sa grandeur — sous son clinquant,
Et la duperie de sa beauté sous le masque du fard.



L’IDÉAL


Ne dis pas que la vie est un jouet
Dans la main du sort insensé
Le festin de la bêtise insouciante
Le poison des doutes et de la lutte.
Non, la vie est une aspiration raisonnable
Vers où brûle la flamme éternelle
Où l’homme, le couronnement de la création,
Règne sur l’univers.