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Bon Dieu, est-il donc possible qu’il y ait de telles créatures en ce monde… !

Dès le lendemain, Kornilytch donnait sur La-Figure les renseignements les plus détaillés, recueillis dans tous les cabarets où cette femme n’était que trop connue.

En fumant son cigare bon marché, il commença son récit avec un air fin :

— C’est une fille noble, soigneusement élevée par ses parents. Elle a mal tourné. On la vit sur les planches d’un théâtre, dans les cafés-chantants et enfin courant de cabaret en cabaret. Et de bravade en bravade elle contracta l’habitude de se griser : vous avez pu voir jusqu’où elle est arrivée. Zoboune m’a conté comment elle s’était emparée, de Bachka. C’est horrible ce qui s’est passé là. Si vous saviez quelle est l’astuce de cette femme… C’est simplement une pierreuse, Dieu nous en garde !…

— Cette sacrée coureuse mérite d’être pendue, dit un autre.

Les conversations de ce genre ne pouvaient cependant apporter aucune consolation à nos amis qui se ressentaient tous de l’absence de Bachka, comme si la roue principale de l’engrenage eut été enlevée. Et, pour comble de malechance, le cabaret était assiégé de clients qui venaient demander la rédaction de pétitions et d’actes de procédure : Mais Bachka ne brillait que par son absence.

— Le bruit court qu’il s’est noyé, répondait Vanka Caïn avec un sinistre sourire, quand il était pressé de questions par ces pétitionnaires illettrés.


(À finir)

Sibiriak.


Traduction du russe par MARIE STROMBERG.