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POÉSIE




FANTAISIES PARISIENNES


i.

C’est adorable à voir ces peintures exquises :
Carnavals de Boucher et danses de Watteau,
Silvains musqués, gotons à talon haut, marquises
Et ducs, sous le loup noir gardant l’incognito ;

Amants toujours heureux, beautés jamais avares,
Peuplant de frais baisers les salles d’un château,
Ou bien appareillant, en toilettes bizarres,
Pour Cythère, sur un fantastique bateau.

Tout ce monde galant, ennemi de la prose,
Et de ce que l’on voit dans la réalité,
S’ingéniait alors à parsemer de rose
Le chemin où l’on trouve au bout la volupté ;

Croyant à l’amour seul qu’un art léger décore,
Fuyant des passions les troubles excessifs,
Dans son erreur charmante il ignorait encore,
Werther, ton front pâli, René, tes yeux pensifs !


ii.

Hier, par une après-midi
Ou le soleil regaillardi
Luisait dans un ciel attiédi,