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volte d’entre eux, Aza, qui discourt en maniant son sceptre comme une baguette d’escamoteur, on aperçoit sur le bas de sa robe, en bordure, sous des ramages d’un bleu pâle, ces lettres tissées en rose : LE. MAIRE. INA. On admet, généralement, que cet A est une erreur de l’ouvrier tapissier, qui aurait dû mettre V, et il paraît qu’on a pu lire, autrefois, quand la tapisserie était moins passée, les lettres I O H, avant Lemaire, ce qui signifie Johannès Lemaire invenit, ou inventor. La conception de l’œuvre serait donc due à un certain Jehan Lemaire. Malheureusement Jehan Lemaire, Flamand fort connu à cette époque, était un écrivain et un théologien, non un peintre. Il a peut-être donné le thème de ces tapisseries, mais non dessiné les cartons, auquel cas, d’ailleurs, il semble qu’on eût mis, après son nom, fecit[1].

Ce thème n’est pas, au premier abord, très clair.

  1. Ceci est l’opinion généralement admise. Mais M. de Mély, auquel on doit tant de précieuses découvertes de signatures de Primitifs et d’hypothèses hardies dans tous les domaines de l’Histoire de l’Art, est d’un tout autre avis. Pour lui, il n’y a pas, là, IOH LEMAIRE INA. Il y a : LEMAIRE INAE, c’est-à-dire, mal écrit par les tapissiers coutumiers de véritables interversions de lettres : IEAN. Quant à IOH, M. de Mély affirme qu’on n’a jamais, en aucun temps, pu le lire sur la bordure, parce qu’il n’y a pas place pour de semblables lettres. De plus, ce Lemaire était, selon M. de Mély, un artiste en même temps qu’un homme de lettres, au moins un miniaturiste, et il a pu donner les cartons de ces tapisseries. Cette hypothèse ne modifie en rien les données de la présente analyse. Quel que soit l’artiste, ou le lettré, qui a composé les cartons de ces tapisseries, il a été obligé de suivre