CHAPITRE III
L’HOMME
Reste donc à considérer l’homme lui-même, —
c’est-à-dire la physionomie du soldat de 1918, sans
se préoccuper de ses gestes si peu révélateurs de
l’action. Peut-être offre-t-il au peintre un intérêt
pittoresque et nouveau. Chaque époque, et pour
ainsi dire chaque guerre, a créé son type de soldat
bien défini. Le Puritain ou la tête ronde de Cromwell
ne ressemble pas au Tommy. Le reître de Wallenstein
est tout à fait autre chose que le grenadier
de Frédéric II. Il y a une différence sensible, et
qui ne tient pas toute au costume, entre le turbulent
mousquetaire de Louis XIII, le poli et discret
garde-française de Fontenoy, le hautain et calme
grenadier de Napoléon et le soldat d’Afrique, loustic
et bronzé, qui brûla dans les tableaux de Neuville
ses « dernières cartouches ». À la vérité, ces
différents types du soldat français se retrouvent
et coexistent à toutes les époques. Nos grands-pères
ont connu le « poilu » : il s’appelait alors le
« grognard ». Peut-être voyons-nous passer, sous le
costume bleu horizon, plus d’un Cyrano et d’un
Fanfan la Tulipe. Mais, pour éternels que soient