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trouvent les peintres qui veulent situer une bataille.

Il est à peu près nul. Si donc le peintre veut exprimer ce qu’il y a de vraiment nouveau et de caractéristique dans le théâtre de la guerre, tel que l’ont fait les explosifs, il ne doit pas s’acharner à peindre un « champ » de bataille : il doit peindre un « ciel de bataille ». Ainsi van Goyen, dans ses Marines, exprimait en réalité des ciels sur la mer. — Montrer la tache d’encre que fait, au milieu d’une nature radieuse de soleil, la fumée de l’obus qui éclate ; dresser, au-dessus des villes ou des villages bombardés, la colonne d’or que forme en s’élevant dans l’air la fumée de l’obus incendiaire ; marquer d’un violet sale le point où une mine explose ; gonfler autour des avions qui passent les petits flocons clairs ou noirs des « fusants », qui les poursuivent au vol ; parsemer l’horizon des légères bouffées de vapeur blanche qui semblent sortir du sol, là où a éclaté un obus dans le lointain bleuâtre où tout se confond ; et surtout pénétrer toutes ces splendeurs mortelles des rayons réverbérés de la terre et du ciel ; les harmoniser, dans la sérénité lumineuse de l’immense nature : — telle est, s’il veut bien la comprendre, la tâche du paysagiste de bataille. On a déjà vu, à la galerie Georges Petit, dans les études d’un combattant de Verdun, M. Joseph Communal, le parti qu’un vrai coloriste peut tirer de ces spectacles nouveaux. Il y a vraiment un tableau dans le ciel.