Page:L'Art pendant la guerre 1914-1918.djvu/188

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que les pays belligérants eux-mêmes[1]. Ils sont considérés, d’ailleurs, comme belligérants en quelque manière, car on les accuse de forger l’arme des Alliés en échange de leur or. L’Or ! le Dollar ! les Affaires ! le Profit ! Quelle honte chez le peuple de la Liberté éclairant le monde ! Ah ! elle est bien précieuse aux caricaturistes de la Jugend ou du Kladderadatsch, la statue de Bartholdi ! On la voit submergée, engloutie par l’or que gagnent MM. Morgan, Schwab et Rockefeller, et pouvant à peine soulever son flambeau par-dessus le flot mortel, ou bien transformée en une vieille mégère, « la Liberté du commerce des armes qui rapporte gros » et ne tenant plus à la main qu’une lampe à pétrole, ou bien déboulonnée et remplacée par le Dieu du Profit, un vieux monsieur qui compte sur ses doigts… En vérité, on ne savait pas que les Allemands eussent, à ce point, le mépris des Affaires ! Mais il paraît que l’Amérique en oublie tous ses principes d’humanité. « Vous priez, oncle Sam ? » demande le Michel allemand à Jonathan, qu’il voit à genoux, mains jointes, levant sa barbe de bouc vers le ciel. « Oui, je demande au Ciel que vous capturiez les canons que j’ai vendus aux maudits ennemis de l’Allemagne. » — « Ah ! et pourquoi demandez-vous cela ? » —

  1. Ceci, qui fut publié dans la Revue des Deux-Mondes, en février 1916, montre assez quelle était déjà la tendance générale des Américains, qu’une grande partie de la presse française et de l’opinion s’obstinaient cependant à représenter comme neutres ou même favorables à l’Allemagne.