neutres ne sont pas plus épargnés. John Bull, toujours la pipe à la bouche et les mains dans les poches, leur marche sur les pieds à tous : l’Espagnol, l’Italien (c’était avant l’entrée en scène de l’Italie), l’Américain et le Hollandais : « Combien de temps laisserez-vous cette brute marcher sur vos cors ? » demandent les Lustige Blaetter… Ainsi, l’égoïsme de l’Angleterre égale sa cruauté.
Les deux sont surpassées encore, dans l’esprit des Allemands, par son incapacité militaire. Cette « nation de boutiquiers » a voulu la guerre et elle est incapable de la faire. Elle n’a pas de soldats, et pour s’en procurer elle est obligée aux plus humiliants stratagèmes. Son roi lui-même, son ministre de la Guerre en grand costume, couronne en tête et hermine aux épaules, ses magistrats, ses évêques, s’en vont, avec des drapeaux, le long de la Tamise, selon la Ulk, et s’ils rencontrent un voyou, assis sur la margelle en train de pêcher à la ligne, sans prendre garde qu’il est patibulaire et bossu, ils joignent les mains, s’agenouillent et en chœur : « Votre Roi et votre Pays ont besoin de vous. Ne voudriez-vous pas, s’il vous plaît, vous engager ?… » Si le voyou résiste, ils ne craignent pas d’argumenter avec lui. « Ne voulez-vous pas vous engager ? Les choses vont au mieux pour l’Angleterre », dit Kitchener à un ignoble drôle, qu’il rencontre au coin de Hyde Park. « Alors vous n’avez pas besoin de moi », dit l’autre. « Non, vous ne m’avez pas compris. L’Angleterre court les plus grands dan-