aurez encore quelque chose à perdre, je m’intéresserai à vous. Mais maintenant !… » ou si c’est le roi de Serbie, qui vient lui dire : « Votre très gracieuse seigneurie m’a fait demander. Comment puis-je vous êtes utile, sir Grey ? » l’homme fatal, enfoncé dans son fauteuil et ses remords, répond : « Votre armée, roi Pierre, ne peut plus nous être d’aucune utilité, mais vous pourriez me recommander un couple d’assassins ». Et si l’on regarde attentivement les détails de cette planche, qui a paru dans la Jugend, on remarque, sur la table du diplomate, un dossier sur lequel sont écrits ces mots : Casement, Findley, plus loin, un revolver, enfin, une photographie entourée de lauriers, portant cette dédicace : Princip. Ces menus accessoires font allusion à une histoire d’assassinat où les Allemands ont voulu impliquer le ministre d’Angleterre en Norvège et au drame de Serajevo.
L’énormité de ces falsifications historiques montre assez la naïveté sans bornes du peuple qui s’en nourrit. Sans doute, il ne faut point croire à la bonne foi des historiens. Il y a des pince-sans-rire à Munich. Mais la foule n’absorberait pas indéfiniment cette nourriture si elle la croyait frelatée. La transformation du plus pacifiste des diplomates en un vampire altéré du sang humain est opérée, sans aucun doute, de concert avec le sentiment public en Allemagne. Et cela prouve combien l’esprit critique est chose différente de l’instruction ou de la « culture ». Le peuple qui se targue d’avoir l’une et