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tue-tête et l’Empereur, debout, les bras croisés, furieux, clame : « L’humour allemand au-dessus de tout ! » — ce que, d’ailleurs, nul n’écoute, sauf le Dr Sven Hedin qui applaudit et s’écrie : « Oh ! Guillaume, vous êtes un homme étonnant. Vous auriez dû être lama ! » En vérité, quand on songe à tous les rôles qu’il joua, jadis, avant de débuter dans la tragédie, cela semble presque une satire des temps de paix. Chez les autres pays alliés, la caricature a été moins active. Pourtant, la Mucha, de Varsovie, le Numero, le Pasquino et l’Asino, en Italie, donnent fréquemment des images dignes d’être retenues. Telle, cette satire parue dans la Mucha, en 1914, lorsque les Allemands voulant déborder notre aile gauche, montèrent, montèrent indéfiniment vers le Nord. Nous sommes en Amérique, devant les chutes du Niagara. L’oncle Sam, gigantesque, avec sa queue de pie et ses gros souliers traditionnels, se penche, fort intrigué, sur une armée de myrmidons qui traverse le fleuve. Il reconnaît, soudain, le casque à pointe, et s’écrie : « Qu’est-ce que c’est que tout ça ? L’armée allemande ? D’où sortez-vous ? » Campé sur son cheval, le général de Dummerjahn lui répond : « Depuis trois semaines, nous faisons un mouvement enveloppant sur l’aile gauche des Alliés et cela nous a conduits ici. Maintenant, les Alliés ne nous échapperont sûrement pas. »

L’expédition d’Égypte inspire à la même Mucha une satire semblable. Tous les sphinx se mettent à rire, de toutes les fentes et les crevasses de leurs