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lion britannique, qui souriait sur le chevalet de Master Punch, tourne le dos et fuit honteusement devant son nouveau peintre ; la Bacchanale qui errait sur le soubassement ne montre plus le triomphe de Bacchus-Punch, mais du Kronprinz ; le tambourin où frappe un petit génie rend le son : à Calais ! et l’ophicléide où souffle un génie ailé : Gott strafe England ! cependant que des cornes d’abondance, devenues de gigantesques saucisses, sortent des légions de petits « boches » éperdument amusés par ce triomphe de l’esprit germanique. Il a imaginé, ensuite, ce qui arriverait Si le Kaiser devenait le directeur du Punch, et notamment ce que serait le dîner des rédacteurs du journal. La scène est truculente et digne d’Hogarth. C’est vraiment une belle fin de repas de corps. Les convives se tiennent assez bien : un seul a mis sa botte sur la table, mais tout le monde, comme il convient, parle à la fois : « Regardez ! des ballons ! » dit le comte Zeppelin en montrant des cercles de fumée qu’il tire de sa pipe. « Je suis un sous-marin : voyez mon périscope ! » dit l’amiral de Tirpitz, en sortant de dessous la table et en montrant un bock posé sur son crâne dénudé. Il rit ; mais cela ne fait pas rire M. de Bethmann-Hollweg, qui a le vin triste et lui crie : « Cessez, Tirpitz, ce n’est pas drôle ». Dans un coin, le roi Ferdinand de Bulgarie tâche de réveiller le Sultan, endormi, par ses joyeux propos : « Courage, Mahomet, à nous deux, nous lancerons un Punch balkanique ! » Le prince Henri de Prusse chante à