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mer du Sud, perdu sur le Cameroun, perdu sur le Sud-Ouest africain, en train de se perdre sur l’Est-Africain… Partout, les araignées tissent leur toile, les rats rongent le tapis et font cent tours, la tapisserie se décolle et pend lamentablement. Le fonctionnaire ne se réveille pas pour si peu : c’est le sommeil heureux du bureaucrate, dont le droit au repos est désormais hors de conteste.

Les échecs diplomatiques de l’Allemagne n’ont pas moins excité la verve des Anglais que ses échecs militaires. Deux dessins du Punch, surtout, sont admirables et méritent d’être retenus. Le premier a trait aux négociations avec l’Italie, avant l’entrée de celle-ci dans l’Entente. Un bersaglier, qui accuse une vague ressemblance avec le roi Victor-Emmanuel, écoute distraitement et d’un air fort détaché les propos que lui tient le Kaiser, en le tirant par la manche. Tout bas, pour ne pas être entendu par un oiseau couronné qu’on voit au loin sur son perchoir et l’œil fixé sur les plumages du bersaglier, le tentateur lui dit : « N’auriez-vous pas besoin encore de quelques plumes ? Je connais un aigle à deux têtes… » Si Bismarck était encore là, tout cela ne serait pas arrivé ! se disent bien des gens en présence de ces erreurs. C’est le sujet du second dessin du Punch : le Navire hanté. Pour le comprendre, il faut se souvenir d’un autre dessin paru dans le même journal, vingt-cinq ans auparavant. C’était après le renvoi du chancelier de fer par le jeune Empereur. Le monde entier était surpris de