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Calais ? » Et tous les autres généraux, appuyés sur leurs sabres, l’air dolent et désespéré, reprennent en chœur : « Y a-t-il quelqu’un qui aurait vu Calais ? » L’Impérial Comique (c’est le nom irrévérencieux que le Punch lui donne) se dédommage avec l’empereur François-Joseph. « Comme nos armes font de bonne besogne ! » lui dit le vieillard, un peu titubant, et l’autre, redressant les pointes de ses moustaches : « En effet ! À propos, j’apprends que vous êtes en guerre avec l’Italie. Avez-vous des nouvelles de ce front ? » De plus, le parti qu’a pris jusqu’ici la flotte allemande de ne point affronter la haute mer réjouit trop l’Angleterre pour que, dans le Tattler, le caricaturiste n’ait pas trouvé son symbole : c’est un bouledogue provocant d’une part, et, de l’autre, un chien enfoncé dans sa niche et qui n’ose sortir. Et le chien à la niche est l’Allemagne, et le bouledogue est l’Angleterre. Enfin, le sort des colonies allemandes est admirablement résumé dans ce dessin du Passing Show : nous sommes dans le bureau du ministre des Colonies, à Berlin ; la porte est fermée, le silence profond. Dans un fauteuil, dort paisiblement, la casquette enfoncée jusqu’aux oreilles, les mains jointes sur son ventre, un fonctionnaire sans fonction. Sur le mur, en effet, le planisphère, où l’araignée a suspendu son fil, porte de nombreuses étiquettes collées sur les colonies allemandes, et portant ce mot : perdu. Il y a perdu sur Kiao-Tchéou, perdu sur le Togo, perdu sur la Nouvelle-Guinée et les îles de la