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— et il dit : « On l’appelle un pirate ! On oublie que les pirates, eux-mêmes, jouaient selon les règles du jeu ! »

Et à cela, pas d’excuse ! Le jeu a des règles, la civilisation a des lois : il se peut qu’elles soient conventionnelles, mais sans elles il n’y a pas de match, pas de cricket possible, ni de vie en commun dans l’humanité. « Laissez-moi vous expliquer… » dit le Germain au moine qui écrit l’histoire de la Belgique sur le grand livre des siècles, en vue des villes détruites et des populations massacrées. — « Je n’écris pas les explications, mais les faits », répond l’Histoire. Les explications seraient, d’ailleurs, pitoyables. Car si l’on peut violer une convention, sous prétexte que les circonstances ont changé depuis qu’on l’a signée, quel est non pas seulement le traité, mais le contrat, l’acte de vente, la promesse la plus banale ou la plus sacrée qu’on ne puisse, du matin au soir, répudier à plaisir ? Et si c’est une guerre « préventive », que celle qu’on déchaîne contre le monde entier, quand le monde entier incline au désarmement, est-il possible d’imaginer une seule agression que ce sophisme ne justifie ? Caïn a tué Abel, préventivement : qui sait si Abel n’aurait pu inventer quelque arme perfectionnée, un nouveau « silex éclaté », qui lui aurait procuré quelque avantage ? Le loup a tué l’agneau « préventivement » : l’agneau, sous couleur de se désaltérer, avait « repéré » la place du loup, près de l’« onde pure », et allait, peut-être