par exemple, — c’est de progresser en loyauté, en beauté morale et en fraternité. L’erreur des bombardiers de Reims, de ces gens prétendument modernes, est de se croire toujours au XIIIe ou au XVe siècle, non quand ils font de l’art — ce qui serait très bien, — mais quand ils font la guerre et quand ils défont les traités.
Cette erreur pourra leur être fatale. N’en doutons pas : il arrivera un jour où les Barbares nieront ces attentats — car tout arrive ! Ils ergoteront, ils discuteront, ils diront que ce qu’ils ont détruit n’était pas réellement ancien, que c’était déjà restauré. Il faut s’attendre aux plus effarants exercices d’acrobatie dialectique de gens qui ont démontré que Benvenuto Cellini était Allemand, parce qu’il avait la barbe blonde, et que Courbet et Millet ont « introduit le sentiment allemand dans l’art français ! » Ils le nieront, parce que cette destruction est plus qu’un crime : c’est une honte, — et aussi parce que l’humanité entière, dont ils ont appauvri le patrimoine, se lèvera pour le leur redemander. Le crime contre la vie humaine, contre les êtres sans défense, les populations entières emmenées en captivité, les femmes et les enfants fusillés, est ce qui nous indigne le plus aujourd’hui. Le reste semble peu de chose. Il n’est pas un de nous qui ne donnerait encore quelques-unes de ces admirables pierres pour sauver une vie en péril là-bas, et qui lui est chère. Mais ce sentiment passera, puisque nous passerons nous-mêmes. Le crime contre l’Art ne sera jamais par-