nomène humain qui selon nous n’est étranger à aucune société connue, — mais dont le régime d’échange est différent du nôtre. On y verra le marché avant l’institution des marchands et avant leur principale invention, la monnaie proprement dite ; comment il fonctionnait avant qu’eussent été trouvées les formes, on peut dire modernes (sémitique, hellénique, hellénistique et romaine) du contrat et de la vente d’une part, la monnaie titrée d’autre part. Nous verrons la morale et l’économie qui agissent dans ces transactions.
Et comme nous constaterons que cette morale et cette économie fonctionnent encore dans nos sociétés de façon constante et pour ainsi dire sous-jacente, comme nous croyons avoir ici trouvé un des rocs humains sur lesquels sont bâties nos sociétés, nous pourrons en déduire quelques conclusions morales sur quelques problèmes que pose la crise de notre droit et la crise de notre économie et nous nous arrêterons là. Cette page d’histoire sociale, de sociologie théorique, de conclusions de morale, de pratique politique et économique, ne nous mène, au fond, qu’à poser une fois de plus, sous de nouvelles formes, de vieilles mais toujours nouvelles questions[1].
MÉTHODE SUIVIE
Nous avons suivi une méthode de comparaison précise. D’abord, comme toujours, nous n’avons étudié notre sujet que dans des aires déterminées et choisies : Polynésie, Mélanésie, nord-ouest américain, et quelques grands droits. Ensuite, naturellement, nous n’avons choisi que des droits où,
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Je n’ai pas pu consulter Burckhard, Zum Begriff der Schankung p. 53 sq.
Mais pour le droit anglo-saxon, le fait que nous allons mettre en lumière a été fort bien senti par Pollock and Maitland, History of English Law, t. II, p, 82 : « The wide word gift, which will cover sale, exchange, gage and lease ». Cf. ib., p. 12, ib., p. 212-214 : « il n’y a pas de don gratuit qui tienne force de loi ».
Voir aussi toute la dissertation de Neubecker, à propos de la dot germanique, Die Mitgift, 1909, p. 65 sq.