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quelques extraits de cette satire à laquelle M. Deschanel a fait allusion en passant : Le début donne le ton général du morceau : « Je veux croire, que sous le règne de Saturne on vit la Pudeur habiter sur la terre… Il y a longtemps qu’avec sa sœur Astrée elle a pris son vol vers les cieux… Un luxe honteux né des richesses corruptrices a perverti notre siècle. — La différence des rangs est effacée par la dépravation… — Que ta femme n’affecte point d’avoir un style — qu’elle ne comprenne pas tout ce qu’elle lit… — (On voit que ce précepte est déjà vieux, Arnolphe avait-il lu Juvénal ?) « — Elle n’a nul souci de son mari, elle vit en voisine avec lui… — Riches pupilles défiez-vous des mets apprétés par vos propres mères ; car elles peuvent y mêler des poisons… »

Ce sont là les plus douces des choses que Juvénal a dites aux femmes romaines. Le dégoût vous saisit en parcourant ces effroyables peintures de mœurs. La femme a-t-elle bien pu tomber si bas ? à qui la faute ? à ceux, répond avec raison M. Deschanel, qui les réduisaient aux sensations, à l’oisiveté, source de tous les vices. La femme est une puissance, et quand cette puissance est privée de concourir à la grandeur de l’homme elle devient la moitié de sa corruption.

Nous regrettons de ne pouvoir citer tous les traits piquants dont M. Deschanel a orné sa conférence. On a souri en entendant la description qu’un auteur anglais fait de la vieille fille :

« Elle paraît dit-il la tête ornée de rubans de couleur comme un vaisseau en danger faisant des signaux de détresse. »

M. Deschanel a eu pour louer la vieille femme. quelques paroles exquises ; elle est bonne, indulgente, maternelle. Elle sait la vie ; elle donne sans compter qu’on lui rendra. Elle est aimable sans intérêt. La jeune fille n’est aimable que par intérêt ; et le lendemain du jour où elle a trouvé un mari elle rengaine les neuf dixièmes de son amabilité.

M. Deschanel n’a pas dit que c’est au profit du mari qui consomme tout seul les neuf dixièmes de l’amabilité de sa femme ; mais il l’a pensé ; nous le disons pour lui. En le remerciant de sa charitable intention que nous avons devinée, nous exprimons l’espoir de l’entendre à Fontainebleau où il doit venir nous donner une conférence le 2 mars.



souscription
Pour élever un monument funéraire à la mémoire
de Félix Bourquelot.

Plusieurs des amis de F. Bourquelot s’étaient réunis pour consacrer le lieu de sa sépulture dans le cimetière de la Ville-Haute de Provins par un monument simple et modeste, comme fut la vie de celui dont ils voulaient honorer la mémoire. Ce groupe, spontanément formé, n’avait pour désir que de rendre publiquement à l’ami, désormais absent, un hommage de pure affection.

Mais la ville de Provins, le plus grand nombre des concitoyens de F. Bourquelot ont proposé leur concours ; l’Ecole des Chartes, la Société des antiquaires de France, la Société d’archéologie de Seine-et-Marne ont voulu s’inscrire à côté de ses amis.

Nous nous garderons bien d’entraver l’élan de cette manifestation ; il est de notre devoir de l’encourager. Après avoir remercié ceux qui on bien voulu se joindre à nous, il convient de faire connaître à ceux qui, sans entretenir des relations intimes avec F. Bourquelot, ont pu apprécier ses mérites et la noblesse de son caractère, qu’une souscription est régulièrement organisée dans le but que nous venons d’indiquer.

Cette souscription sera close le 15 avril prochain.

Le chiffre total étant connu et publié, une Commission déterminera, de concert avec plusieurs architectes adhérents, les proportions et la forme à donner à la pierre tumulaire qui conservera le nom de Félix Bourquelot.

Jules Michelin, Anatole Dauvergne, Alphonse Fourtier.

Nota. — On peut souscrire (ou s’adresser) :

A Paris, chez MM. Alphonse Fourtier, chef de bureau au ministère des Finances (caisse centrale du trésor), rue Caummartin, 26, trésorier ; Eugène Servaux, chef du bureaux des Travaux historiques, au Ministère de l’Instruction publique ; Marty Laveaux, trésorier de l’Ecole des Chartes.

Dans le département de Seine-et-Marne, chez MM. les Présidents, Vice-Présidents et Secrétaires des Sections de la Société d’Archéologie ;

Aux bureaux de l’Indicateur et du Nouvelliste à Melun ; — de l’Abeille, à Fontainebleau ; — du Journal de Seine-et-Marne et du Publicateur, à Meaux ; — de la Feuille de Provins et du Journal de l’arrondissement, à Provins ; — de l’Eclaireur à Coulommiers.


Par une lettre adressée à la Feuille de Provins, notre compatriote, le statuaire Adam-Salomon a bien voulu offrir au comité de souscription de reproduire pour le tombeau de F. Bourquelot, l’image de ce savant profond et modeste, de cet homme de bien dont la ville de Provins et notre département sont justement fiers.

Voici la première liste des souscriptions déposées au bureau de l’Abeille.

MM. 
le docteur Fourneret 
 5 fr.
Thibault-Fliniaux 
 5
E. Bourges 
 5

chanel a fait allusion en passant Le début la vie de celai dont ils voulaient honorer tult des aveus complets. 1 disee dim nomé a cette Sunction par Ta— jenseur Me Despagnat. Toutes les questions sou— ets réélu a l’unanimita, prnésident sorta, vaux qui sont si faignants, gu’ils ne sentent il vienne, si le déchargement ne peut se d’escalade et d’effraction, dans le empara de murs. La lemme a-t-ei D ec raison chaie socription sera close le i5 avr M. le grefier donne lecture de l’acte d’accusation ealtiver, leur deacription et leur culture, parmois de novembre dernier. Voici les principau tIribuer a cette solennité borticole par le vote tés par vos propres mères ; car elles peuvent y connaltre à ceux qui, sans entretenir des relapos fournit ce troisieme accusé. Il se omme 19 Février 1869. L’ABEILLE DE FONTAINEBLEAU VARIÉTÉS quelques extraits de cette satire a laquelle M. Des-I par un monument simple et modeste, comme fut reté un mois apr possédant plus que 31 chanel a fait allusion en passant : Le début la vie de celui dont ils voulaient honorer la franes. donne le ton ginéral du moreeau Je veux emoire. Ce groupe, spoatanément formé, n’avait croire, que sous le régne de Saturne on vit la Pu— pour désir que de rendre pabliquemeat a l’ami, seulement de l’accusation en prétendant n’avoia deur habiter sar la terre… Il ya longtemps désormais absent, un hommage de pure affection. pris au sieur Garmigny que 1, 400 francs environ. qu’avec sa sour Astrée elle a pris son vol vers Mais la ville de Provins, le plus grand nombre Mais la déclaration précise de ce témoin ne per- les cieux. Un luxe honteux né des richesses des concitoyens de F. Bourquelot ont proposé met pas de douter de la somme qui lai a été réel- corruptrices a perverti notre sieele. — La dife— leur concours ; TEcole des Chartes, la Société des lement volée. rence des ranes est efacée par la dépravation…antiquaires de France, la Société d’archéologie — Que ta femme n’affecte point d’avoir un style de Seine-et-Marne en voula s’inscrire a coté de présente la délense. Déclaré coupable par le Jory — qu’elle ne eomprenne pas tout ce qu’elle lit.. ses amis. — (On voit qoe ce précepte est deja vieux, Ar- nolphe avait-il la Juvénal — Elle n’a nul celte manifestation : il est de notre deveir de l’en— ténuantes, Hu est condamné à la peine de l’em souci de son mari, elle vit en voisine avee lei.. courager. Après avoir remereié ceux qui on bien Prisonnement pendant cing années. — Riches pupilles delez-vous des mets appre— voulu se joindre A nous, il convient de faire tés par vos propres mères ; car elles peuvent y connaltre à ceux qui, sans entretenir des rela- meler des poisons. Ce sont là les plus douees des choses que cier ses mérites et la noblesse de son caraciére, Louis-Alexandre Rambour, agé de treate-six Juvénal a dites aux femmes romaines. Le dégout qu’une souseription est régulièrement organisée ans, ouvrier carrier, né a Crouy-sur-Oureq, do- vous saisit en parcourant ces effroyables peintures dans le but que nous venons d’indiquer. de maurs. La femme a-t-elle bien pa tomber si bas ? à qui la fautet a ceux, répond avee raison chain. M. Deschanel, qui les réduisaient aux sen A l’eisiveté, source de tous les vices. La femme Commission déterminera, de concert avec plu- est une puissance, et quand cette paissance est sieers architectes adhérents, les proportions et sier a sept ans de travaux forcés par la cour d’as- privée de concourir a la grandeur de l’homme la forme a donner a la pierre tunalaire qui con-ises de l’Oise pour crime d’incendie comis al essaver de vous faire oomprendre ce que je omme, f me frapPpes, moi, ton ani !… tu me elle devient la moitid de sa corruption. Nous regrettons de ne poevoir citer tous les traits piquants dont M. Deschanel a ornd sa con- Sérence, On a souri en entendant la description qu’un auteur anglais fait de la vieille fille : Elle paralt dit-l la tete ornée de rubans de > couleur comme un vaissean en danger faisant bureau au ministère des Pinances (caisse cen-partie de la journée et de la soirte parcourir des signaux de détresse. M. Deschanel a eu pour louer la vieille femme ugene Servaux, chef du bureaux des Travaux ne peut expliquer Forigine, de mettre le feu Al cheval ; e’est une bête faite pour travailler | avez pas elé sans remanquer une clhose quelques paroles exquises ; elle est bonne, indul— historiques, au Ministére de l’Instruction publi— ferme du chateau habitée par les époux Plier : i dur et ferme, quand il est taille pour cela. 9ui frappe les yeux et le caur de tous ceux gente, maternelle. ile sait la vie ; elle donne ue : Marty Laveaux, trésorier de l’Ecole des était done approché d’une des fenétres de la sans compter qu’en lui rendra. Ele est aimable Chartes. sans intéret. La jeune fille n’est aimable que parDans le dipartement de Seine-et-Marne, chez allumette enflammée. intéret ; et le lendemain du jour od elle a trouvé MMI. les Présidents, Vice-Présidents et Secré- un mari elle rengaine les neuf dixièmes de son taires des Sections de la Société d’Archéologie : ges et de bergeries ont été la proie des flamms lument une machine faite par le bon Dieu, vaux hennissent en le recounaissant, ils amabilité. M. Deschanel n’a pas dit que c’est au profit du a Melun ; — de l’Abrille, a Pontainebleau : — du n’a pas été évaluée a moins de 33, 000 francs. Le l faite par un bon saécanicien. Le cheval, le collier-deja, leurs jarrets sont tendus qui consomme tout seul les neuf disièmes Journal de Seine-et-Marse et du Palicateur, A tout était assuré. de l’amabilité de sa femme ; mais il la pensé ; Meaux : — de la Feuille de Provina et du Joarnal 11 ne sent pas comme moi, ni comme Amédée, ni comme nous tous. L’accusé fait des aveux complets. Il dikre JEAN. — Voilh hien nettement exprimée la pensée malheureuse, le préjug absurde qui font que tant de charretiers et de cochers, maltraitent ces pauvres chevaux. Il est bien vrai que le cheval n’a pas autant Procteetion des animaux utiles. Mais la ville de Provins, le plus grand nombre Mais la déclaration précise de ce témoin ne per- ENTRETIENS FAMILIERS (1) M. Gavinet soutient l’accusation, Me Despagnat Le dimanche, jour de la réunion des charre-que nous, le moral, la raison et la refte- tiers, est arrivé : maltre Jean, selon les ins- tructions de M. Philipge, olire dans une desion ; mais part ces à qualités divines qui grandes salles de l’établissement, une légbre appartiennent a l’homme de caur seulement, collation A tous ses subordonnés. Puis, le le cheval est doue d’une sensibilite tres silence se faisant, Jean demande la parole pour grande, et quand vous le frapper à coups de remercier tout le monde, au nom du maltre pieds ou de manche de fouet, ou si vous le absent, de la bonne condeite de chacun et maltraitez plus honteusementencore, croyez- de la douceur que tous apportent envers les bien qu’il ressent très-douloureusement chevaux ; ensuite, il propose l’ordre de jour ces outrages et que s’il ne démarre pas, suivant : Dimonatration de tout Fisterit que’est qu’il ne le peut pas, c’est qu’il est les cochers et les charvetiera ont à itre kamain éreinte ou qu’il est surcharge. Oui, il sent sur le fait principal et les eirconstances aggra- Nous nous garderons bien d’entraver rélan de vantes, mais avec admission de ciroonstances at- Aaire lambour. — Iscendie volontaire. C’est encore l’arrondissement de Meaux qui tions intimes avee F. Bourquelot, ont pe appré— nous fournit ce troisiéme aceusé. Il se pomme micilie dans cette localité. Après la constatation de lidendité de cet homme, M. le grefier donne lecture de l’acte d’accusation Cetle souscription sera close le is avril pro- enDers les animaur. sations, Le chiffre total étant conne et peblid, wne dont voici la teneur : tous ces coups et je suis bien certain que Rambour a été condamné le 7 décembre der- JEAN. — Mes chers camarades, je vais l pense un brin il doit se dire : Maunais Aey-en-Multière, le 13 septembre prdoédent. sest reconnu l’auteur d’un autre incendie sais. Voyons, toi, Amédée, qui est le plus pas que si je n’avance pas, d’est que je suis servera le non de Felis Bourquelot. comprends et de vous faire savoir ce que je fais du mal !.. pourguoit.. tu ne vois done JULES MICELIN, ANATOLE DAUVERGNE. ALPHONSE FOURTIER. 12 un mois erme dite da Chdtean, a Crouy-sur-Oureq. Il a ancien serviteur de la maison, et le plus age a. el que la charge est trop lourde pour lait connaltre que le dimanche 10 aodt i était de nous tous, sais-tu bien ce que c’est qu’un mes trop faibles jarrets !.. Voila ce qu’il doit venu a Crouy voir sa mere ; gu’il avait passé une cheval ? auparavant, avait éclaté dans la Nota. — On peut souscrire (ou.s’adresser) A Paris, chez MM. Alhoase Fourtier, chet de penser, ce bon eheval, et c’est ce que vous Axtoda. — Dame !. un cheval. c’estun ne pouvez comprendre. Pourtant, vous trale da trésor), roe Caummartin, 5, trésorier ; les cabarets, et que le soir il avait eu l’idée, don JEAN. — T’as presque raison, mais ce n’est qui voient et qui aiment : Voici un charre- Brange ouverte sur les champs et y avait jeté une pas là ce que je te demande ; je vais te le tier qui sort du cabaret, la lanière de son Dix-sept travdes de batiments servant de cran. dire, moi : eht bien, un cheval d’est abso— fouet euroulée sur ses épaules — ses che- Aux bureaux de l’Indicateur et du Nounelliste avee la récolte qui s’y trouvait contenue. La perte tout comme une locomotive est une machine n’allendent qu’un ordre pour se jeter dans l machine vivante, ne marche bien qu’autant et le charretier saluant le marchand de Dans son interrogatoire Rambour ritère ses mous le disons pour lui. En le remerciant de sa de l’arrondinement, a Provins ; — de l’Belaireur aveux. Il ne peut expliquer, dit-il, la mauvaise que l’avoine, le foin et la paille lui ont donné Vil, Vient lenlement saisir la guide qui Mne espice de vapeur qui le pousse en avant et dirige le cheval de devant, il caresse son pensée qui lui est venue. M. de Froidefond, substitut de M. le Proea— que son conJucteur, comme eelui d’une limonier, et… hue ! les amist en route !.. et charitable intention que nous avens devinde, a Coulommiers, nous exprimoas l’espoir de l’entendre a Fontai- nebleau où il doit venir nous donner une oconfe- rence le 2 mars. Par une lettre adressée a la Feuille de Provins, reur impérial, soutient énergiquement les charges locomotive, connait bien son affaire. Autre— voila le lourd fardier enleve, démarre notre compatrio te, le statuaire Adam-Salomon a qui pesent sur l’aceusd. Me Despagnat présente la bien voulu offrie au comité de souscription de défeane. Déclard coupable avec admission de cir— ment, tout va mal ! si le cheval-ne mange roulant. Qa’est-ce que cela rouve ? Cela reproduire pour le tombeau de F. Bourquelot, conatances atténuantes, Rambour est condamné a pas sa ration d’entretien, il n’est pas fort ; prouve que le cheval sent les bons traite- limago de ce savant profond et modeste, de cel dis ans de travaux foreés et aux dépens. Cette et si le cocher ou le charretier exige plus ments de son bon charretier, qu’il a con- bomme de bien dont la ville de Provins et notre peine se confundra avee la condamnation pronon— que ne le peut l’animal, celui-ci s’use, se flance en lui, qu’il l’aime, qu’il ne le craint département sontjastement fers. Voici la première liste des souscriptions dépo- SOCIÉTÉ D’HORTICULTURE de Melun et Fontalnebleau. cée par la Cour d’assises de roise. fatigue, et finalement refuse de marcher. pas et qu’il est tout a son travail. La Société d’horticulture des arrondissements de Melun et Fontainebleau s’est réunie en assem— sées au bureau de l’Abeille. blée générale réglementaire, dimanche dernier, i Thotel de ville de Melun, sous la présidence de M. le baron de Beauverger, député et président de la Société. A ses edtés sidgeaient au bureau MM. Courtois, vice-président : Camille Bernardin, secrétaire genéral ; Bourges et Lelue, seerétaires adjoints ; Godin, trisorier géndral et Robinot, trésorier Prialdens M. SALMON, eonseiller a la Cour lmpiriale velle de la Mi-Caréme. adjoint. Après la leeture da procbs-verbal de la prded- dente séance qui a été adopté el l’admission de- fiaitive de plusieurs nouveaux sociétaires, a ele donné lecture de plusieurs demandes d’admission sur lesquelles il sera statué réglementairement a la plus prochaine réunion de la Socidte. M. le Président a prooide au dépouillement de ses regards dans lauditoire et paralt insensible quantités d’hectolitres amenés sur la foire ; àd’abord hien nourri, qu’il ne soit pas sur— l’aime pas et qu’il se fatigue nutilement dans nombreuse correspondance imprimée reçue toute marque de repentir.Hélas ! faut-il le dire. midi il procedera sur le champ de foire a l’exa des Sociétés avec lesquelles correspoad la Société e’est la cinquième fois qu’il comparalt devant la men des chevaus et bestiaux et fera, dans le chargé et qu’l ait un conducteur doux et d’inutiles elforts. de Melun et Fontaineblean : il a donné connais— justice sous lineulpation de vol, et il’a que dix— délai d’une heure, connaltre sa décision aux pro— prudent. sance aussi a l’assemblée des programmes d’es-wnterrond Le paiement des primes aura lieu a guatre Le charretier a beau crier, frapper à tort et a Au contraire, voyez ce charretier bourru, travers, le cheval irrito, rebuté, reste en aviné, qui s’avance en jurant, criant apres place et il expirerait sous les coups, plutot ses chevaux ! Ceux-ci tremblants et crain- que d’avancer, puisque c’est au-dessus de tifs, se jettent instinctivement de cote pour La foire de la veille de la Mi-Cardme, franche ses forces, de sa vigueur, de son énergie. éviter l’inutile correction qu’ils ont l’habi- de tous droits, pour lous les marchands quels De même pour une locomotive, si elle n’est tude de recevoir après chaque halte. En gu’ils soient, les saltimbanques et les spectacles pas chauffée à temps, elle n’a pas assez de effet, le charretier brandit son fouet, et la force pour tralner les wagons ; ses roues lourde et impitoyable lanière cingle les Des primes s’élevant ensemble a près de tournent sur place, mais le train n’avance jarrets du limonier et des autres chevaux, 500 francs seront accondées pour les chevas et pas : et le mécanicien aurait beau erier et et voila ce lourd véhicule entralné au trot ! les bestiaux et pour les vies amends sur le champ frapper à tort et à travers sa locomotive, Pauvres chevaux ! Qu’est-ce que cela prouve Feire franche. MM. le docteur Fourneret.. 5 fr. Thibault-Fliniaux…… 5 De la Veille de la MICareme Mereredi 3 mare 1809. E. Bourges… 5 Cour d’Assises de Seine-el-Harne. d e Paris. Audience du lundi 15 fierier 1869. Aire Honchet, — Vel qualine. L’accusd paralt avoir Thabitude des débats ju— de l’Etape-aux-Vins, pour juger, sur la présen- diciaires. Il se présente sans émotion, promène tation des espéditions délivrées par la régie, des le service qu’on attend de lui, qu’il soit vais charretier, qu’il le craint, qu’il ne de foire. Le jury se rendra, a onze heures, sur la place qu’elle n’en avancerait pas plus pour cela. encore ? Cela vous prouve que le cheval Il faut done pour qu’un choval rende tout sent les mauvais traitements de son mau- Ainsi, je pense que vous ne me direz priétaires ou possesseurs. JosePH. — Pas surchargt, pas surcharge, plus que le cheval ne sent pas comme nous, positions qui vont avoir lieu dans le courant de cette année tant en France qu’a r’étranger. En ce mommer Hippolyte-Joseph Houchet, dit Marius, beures, a l’hotel de ville, sur la présentation ucest hien aiso a dire cela ! mais, M. Jean, et si, vous en étes bien convaincus, ména- qui concerne l’exposition internationale d’horti— né a Meaux en 1852, journalier, demeurant de— Recevear municipal, par les propriétaires eu— dites-nous done combien qu’un cheval peut gez-le done, et soyez pour lui plus doux culture et le congrès de botanique qui doivent puis peu de temps a Melun, avoir lieu A Saint-Pétersbourng, du 17 au 30 mai prochain, Fassemblée a confié a son seerétaire chet a passé trois années a la colonie de Monte— prime supplémentaire, allouée en cas de vente fait joliment enlever la surcharge.. je ne dire est très-juste ; mais, que l’on soit bon général, M. Camille Bernardin, la mission de re— vrain, pres Lagny, d’el il est sorti fort peu de l’animal primé, le paienient ne pourra étre vousdis que ca, moi ! présenter la Sociésé en qualité de délégué a cette amende si Fon en juge par les vols successifs aus— effectud que sur la productton d’un certificat grande solensité horticole. L’ordre du jour appelant la discussion sur le il travaillait dans une fabrique de bougies situde Facheteir. point de savoir si la Société tiendrait cette ansde commune de Dammarie-les-Lys, prés Melun. Au une exposition gnérale des produits horticoles, bout d’ene quinzaine de jours il quitta cet éla ville, A moitie du prix da lanl ordinaire, par le maux, je ne dis pas qu’il faille supprimer le not’maltre ; tant pis pour lui et pour ses il a étd arrité gue cette solennité forale aurait blissement pour entrer au service d’un cantinier service du camionnage. lieu au printemps el que tous les détails relatifs militaire. Certain soir, par une nuit bien noire, à cette eshibition seraient reglés ultérieurement et profitant de l’absence du contre-maltre et du souscription, dans les salles communales, place fouet allonge en môme temps que l’appel ordres de tant mettre sur une voiture. dans une assemblée générale extraordinaire de la départ des ouvriers, Bouchet pénétra, a Paide Centrale. L’inscription devra tre faite, a la encourageant de la voix amie d’un bon Société. La parole a été donnde ensuite à M. Gadin. sieur Denis qui logeait a la fabrique. trésorier général qui, dans un rapport aussi elair d’une petite somme d’argent et d’une asses grande *as catrepreneurs de jeus et speciacies lorans du, qu’il ne sera pas surcharge, c’est-à-dire alors, pourquoi le frapper toujours et quand par M. le Président. il déclare se mèmes, d’un certiicat delivré par le jury et indi— mener sans étre surcharge ? Allez, allez et plus humains ! D’après l’acte d’accusation et les débats, Bou— quant la prime accandie. Pour l’obtention de la un bon ooup de fouet bien appliqué, vous CanISTOPHE. — Tout ce que vous venez de ou mauvais charretier, c’a n’emplehe pas JEAN. — Tu as raison dans ton gros bon que si la voiture est trop chargee, et que sens, mon pauv Joseplh ; mais, quand je les chevaux ne puissent démarrer, oe n’est Le transport des vins sera fait, de la gare à la dis qu’il ne faut pas maltraiter les ani— pas de not faute, à nous, c’est celle de vousdis que ça, moi ! quels il s’est livre. Au mois de décembre dernier, constatant cette vente et signé par le vendeur et A six heures aura lieu un grand hanquet, par fouel, car, a un mothent donne, un coup de chevaux, s’il nous donne des roues ou des JRAN, — Bien, j’admets cela, c’est la fante d’escalade et d’elfraction, dans le domicile de mairie au plus tard, le 27 février. trésorier général qui, dans un rapport aussi elaird’une petite somme d’argent et d’une assea grinde j aas eatrepreneurs de jeux et spectacles forains. iges de valeur, a la condition, baen enten— tant rosse soit-ilP… Non, n’est-ce pas qu’en employant énergiquement toutes ses même, puisque vous savez que le cheval forces, il ne se trouvera pas tout-à-coup n’est pas fort ou que la voiture est trop arreté par le poids qu’il trafne ou qu’il porte. chargée ? — Dans ce dernier cas, que faut- CanisTOPRE. — Moi, je ne maltraite jamais il faire ? — Il faut décharger une partie du 4a 500 francs. Dès le lendemain Bouchet fut fr- tres-forissante de la Socidd, Ce travail qui a été renvoye a l’esamen de la Commission des nan— retd. Il était vetu d’une partie des habits voles et ces, a valu à M. Godin les remerciements et les le surplas fut retrouvé dans un garni qu’il avait félicitations de l’association. Aussitet après il a procéde à la nomination dun aveux complets. mforier adidint, en remplacement de M. Naraux, A raudience, l’aceus renouvello e pour le renouvellement partiel de Tribunal de démissionnaire. M. Viandier, instituteur a Fon— reconnalt Jes cireonstances aggravantes d’escalade M Gareb-Card pefsident sertant habitudes ; mais, après tout, il y a des che— dre un renfort queleonque, n’importe d’od Dernlères nonvelles Jeadi, a heures. loué. Il lui fut impossible de nier, aussi fit-il des MONTEREAU. — Au moment od nous mettons vaux qui sont si faignants, qu’ils ne sentent il vienne, si le déchargement ne peut se fenseur Me Despagnat. Toutes les questions sou-d réélu a l’unanimité. nanimite des sufrages. M. Delamain, président du Comita de culture mises au Jury ayant été résolues afirmativement, maralehere a ése chargé de faire un rapportA la avea admission de eirconstances atséauantes, la Bation d’un jage es d’u Socidté dans sa ples prochaise séance, sur le tra— Cour condamne Bouchet a trois ans d’emprison— onnu trop tard pour etre publid aujourd’bai. vail présenté par M. Gauthier, relatif a son pro— nement el aux dépens. cédé de conversation pommes de terre. M. Camillo Bernardin prenant aussitot après A parole, a lu a l’assemblée deux rapports sur les deux eavraces ivants offerts par les auteurs a de Meaux, le 4 janvier 1850, ouvrier earrier, cette annee a Monterean, dimanche et le cour, tout comme toi et moi ; il vit de la vous exprimera son mocontentement e la Société. Le premier intitule : Les fraite a demeurant a Sammeron, est accusé de plusiegrs lundi de ta Penteolte, 16 et 17 mai. La municl-odur, ealtiner, leur deeription et leur eulture, par vols qualifiés commis Le résultat des scrutins ouverts pour la nomi— mlme pas les corrections qu’on leur distribue. faire. juge suppléant nous sera JEAN. — Ah ! par exemple, voila qui est Si le maltre est dans ses torts, il le recon- fort ! Quoi, Christophe, tu considères le naltra aisément et ne vous adressera pas cheval comme un étre insensible P.. Erreur, de reproches ; si, aa contraire, vous arri- L’exposition de printemps de la Socidte dhor— mon garçon, erreur ! et la preure, c’est que vez a destination après avoir rendu malade Eugène Hu, nd Sammeron, arrondissement ieulture de Melun et Ponlaineblean aura liea le cheval a des nerfs, une cervelle, un un cheval ou plusieurs chevaux, le malire des Afaire Ha. — Vols qualite. ans cette commune, au palité de cette industrieuse eité a bien voulu con même maniére et s’il ne parle pas, il n’en vous renvoyant. Et alors, pour avoir com- d’une mis une mauvaise action, vous perdez votre pense pas moins. Je te réponds bien chose, mon cher, c’est que si le echeval eriait salaire et celui de vos enfants ! Soyeg done comme le chien hattu, il ferait entendre humains, doux, compatissants envers les second, ayant pour mois de novembre dernier. Voici les principaux tribuer a cette solennité borticole par le vote d’une subvention de 500 franes. titre l’Art de grefer, par M. Charles Baltet. Les | passages de l’acte d’aceusation : conclusions de ses rapports teadant a voter des Hu déja condamné se livre au vagabondage et remerciements aux donateurs ont été adoptdes la débauche. Au mois de novembre dernier, pen par l’assemblde. LAs produits exposda cette sdance ont été d’efraction, chez la veure Hebert, eabaretiere, afera a Nemours, le dimanche 15 février, une con— un mauvais et méchant charretier ; et que chaque soir fen vous couchant), vous n’avez examinds par une commission spéeiale composée laquelle il vola une somme de 280 francs. L’ae de MM. Jupon, Hollier, Ollivier, Thomas et Lour cud se rendit aussitaA Paris od il dépensa le juillet 188, doat ila élé le rapporteur au Corps nous tueraità coups de pieds ou de dents, peu de caur), d’avoir éto, pendant toute delle, et des primes réglementaires ont dte accor produit du vol. Un pee plus tard, apeés quelques dées M. Ménand, pour ses deux belles cor-jours passés a travailler au Raincy, il revint i beilles de deurs varides : a M. Desbordes, jardi Sammeron, avec la pensde d’y commettre de nou- nier, poar ses collections de fruits conservés et veaux crimes. II se cacha dans une dcurie dont ses legumes et enfia a M. Hervillard, pour ses prit la clé, Le 28 novembre au soir, il vola une annonce aura lieu a Nemours le 97 juin prochain. Dieu l’a cré doux et timide. radis, navets et choux frisds variés. NEworas, — M.le baron de Beauverger, député, un triste ramage quand il est conduit par animaux, vous n’avez qu’a y gagner ; et dant la nuit, il pénétra, l’aide d’escalade et par une commission spdeiale composée laquele l voA une somme de o francs. L’ae— ou d’accidents, inatitudes en vertu de la loi du tN le cheval etait Toncierement vicieux, il pas a vous reprocher (si vous aver tant soit comme cela est quelquefois malheureuse une journée, le bourreau d’un cheval. NIOOLAS. — Je vous écoute, maltre Jean ; ment arrivo, quand il a été battu injuste- Le grand Pestival musical que nous avons déja ment ; mais.. par boaheur pour vous autres, mais je voudrais bien savoir comment hachette chez le sieur Rudet son oncle. Muni de comprendra un concours d’orphéons, de fanfares cet instrument, il essaya de pénétrer dans le do— et de musiqoe religieuse. micile du sieur Garmigny, marchand de grains, chez lequel il fit un commencement d’effraction. vous feriez avec un lourd fardier ne pou- CHRISTOPE.-Je ne dis pas que lo cheval vant démarrer d’une profonde orniere d’un ne sente rien du tout, mais je soutiens qu’il chantier au sol défoncó ; oui bien, je vou- drais vous y voir, avec votre morale, si elle BŒSGRIPTION ferait démarrer ! Petite eorrespondance. (A) Extralt d’un opuseule manuserit prisest par Pwe Alemer u osument funéraire à la mimoire ene et petit eareon, Hu prit la feite et se M. A. C.. A Éerenille, Au recu de votre lettre, M. Salle, visirisaire ax Dragona de l’imperatniee, M. A. C., A Égrenille. Au reçu de votre lettre, M. Salle, vésériaalre aux Dragona de l’lmperatrice, JEAN. — Dans ce cas la, Nicolas, comme de Félix Bourquelot. rendit alors chez le sieur Garmigny (Eugene). Il it vous a été expédi a duplicata du numéro qui Ce traail a t honore d’use medale de brosae a dans tous les autres, il me faut jamais oublier Plusieurs des amis de P. Bourquelot s’étalent et en brisant un carreae. Après avoir fractaré h pas pa, biea que hous ayons la concors tt par la Soeidt de Paris i il a pour la morale dont tu as l’air de rire : et nais il réuais pour consacrer le lieu de sa sépultare l’armoire, il s’empara de 1, 660 franes. Hu alla dans le cimetitre de la Ville-Haute de Provins encore dépenser cet argest A Paris, oà il fut ar- but alne compreadre charretiers et cochere qe ot latirs a dtre humains ensers Jes ank faut selon les ciroonstances, avoir du juce- Plusieurs des amis de F. Bourquelot s’étaient et en brisant un carreaa. Après avoir fracture eertitude guil yous t été adreaad. ment, de la réllexion ; il faut montrer que


VARIÉTÉS

Proctection des animaux utiles.

entretiens familiers[1]
Le dimanche, jour de la réunion des charretiers, est arrivé ; maître Jean, selon les instructions de M. Philippe, offre dans une des grandes salles de l’établissement, une légère collation à tous ses subordonnés. Puis, le silence se faisant, Jean demande la parole pour remercier tout le monde, au nom du maître absent, de la bonne conduite de chacun et de la douceur que tous apportent envers les chevaux ; ensuite, il propose l’ordre du jour suivant : Démonstration de tout l’intérêt que les cochers et les charretiers ont à étre humains envers les animaux.

Jean. — Mes chers camarades, je vais essayer de vous faire comprendre ce que je comprends et de vous faire savoir ce que je sais. Voyons, toi, Amédée, qui est le plus ancien serviteur de la maison, et le plus âgé de nous tous, sais-tu bien ce que c’est qu’un cheval ?

Amédée. — Dame !… un cheval… c’est un cheval ; c’est une bête faite pour travailler dur et ferme, quand il est taillé pour cela.

Jean. — T’as presque raison, mais ce n’est pas là ce que je te demande ; je vais te le dire, moi : eh ! bien, un cheval c’est absolument une machine faite par le bon Dieu, tout comme une locomotive est une machine. faite par un bon mécanicien. Le cheval, machine vivante, ne marche bien qu’autant que l’avoine, le foin et la paille lui ont donné une espèce de vapeur qui le pousse en avant et que son conducteur, comme celui d’une locomotive, connait bien son affaire. Autrement, tout va mal ! si le cheval ne mange pas sa ration d’entretien, il n’est pas fort ; et si le cocher ou le charretier exige plus que ne le peut l’animal, celui-ci s’use, se fatigue, et finalement refuse de marcher. Le charretier a beau crier, frapper à tort et à travers, le cheval irrité, rebuté, reste en place et il expirerait sous les coups, plutôt que d’avancer, puisque c’est au-dessus de ses forces, de sa vigueur, de son énergie. De même pour une locomotive, si elle n’est pas chauffée à temps, elle n’a pas assez de force pour trainer les wagons ; ses roues tournent sur place, mais le train n’avance pas ; et le mécanicien aurait beau crier et frapper à tort et à travers sa locomotive, qu’elle n’en avancerait pas plus pour cela.

Il faut donc pour qu’un cheval rende tout le service qu’on attend de lui, qu’il soit d’abord bien nourri, qu’il ne soit pas surchargé et qu’il ait un conducteur doux et prudent.

Joseph. — Pas surchargé, pas surchargé, c’est bien aisé à dire cela ! mais, M. Jean, dites-nous donc combien qu’un cheval peut mener sans être surchargé ? Allez, allez un bon coup de fouet bien appliqué, vous fait joliment enlever la surcharge… je ne vous dis que ça, moi !

Jean. — Tu as raison dans ton gros bon sens, mon pauv’Joseph ; mais, quand je dis qu’il ne faut pas maltraiter les animaux, je ne dis pas qu’il faille supprimer le fouet, car, à un moment donné, un coup de fouet allongé en même temps que l’appel encourageant de la voix amie d’un bon conducteur, fait faire au cheval des prodiges de valeur ; à la condition, bien entendu, qu’il ne sera pas surchargé, c’est-à-dire qu’en employant énergiquement toutes ses forces, il ne se trouvera pas tout-à-coup arrêté par le poids qu’il traîne ou qu’il porte.

Christophe. — Moi, je ne maltraite jamais un cheval, parce que ce n’est pas dans mes habitudes ; mais, après tout, il y a des chevaux qui sont si faignants, qu’ils ne sentent même pas les corrections qu’on leur distribue.

Jean. — Ah ! par exemple, voilà qui est fort ! Quoi, Christophe, tu considères le cheval comme un être insensible ?… Erreur, mon garçon, erreur ! et la preuve, c’est que le cheval a des nerfs, une cervelle, un cœur, tout comme toi et moi ; il vit de la même manière et s’il ne parle pas, il n’en pense pas moins. Je te réponds bien d’une chose, mon cher, c’est que si le cheval criait comme le chien battu, il ferait entendre un triste ramage quand il est conduit par un mauvais et méchant charretier ; et que si le cheval était foncièrement vicieux, il nous tuerait à coups de pieds ou de dents, B comme cela est quelquefois malheureusement arrivé, quand il a été battu injustement ; mais… par bonheur pour vous autres, Dieu l’a créé doux et timide.

Christophe. — Je ne dis pas que le cheval. ne sente rien du tout, mais je soutiens qu’il ne sent pas comme moi, ni comme Amédée, ni comme nous tous.

Jean. — Voilà bien nettement exprimée la pensée malheureuse, le préjugé absurde qui font que tant de charretiers et de cochers, maltraitent ces pauvres chevaux. Il est bien vrai que le cheval n’a pas autant que nous, le moral, la raison et la réflexion ; mais part ces à qualités divines qui appartiennent à l’homme de cœur seulement, le cheval est doué d’une sensibilité très-grande, et quand vous le frappez à coups de pieds ou de manche de fouet, ou si vous le maltraitez plus honteusement encore, croyez-bien qu’il ressent très-douloureusement ces outrages et que s’il ne démarre pas, c’est qu’il ne le peut pas, c’est qu’il est éreinté ou qu’il est surchargé. Oui, il sent tous ces coups et je suis bien certain que s’il pense un brin il doit se dire : Mauvais homme, tu me frappes, moi, ton ami !… tu me fais du mal !… pourquoi ?… tu ne vois donc pas que si je n’avance pas, c’est que je suis las… et que la charge est trop lourde pour mes trop faibles jarrets !… Voilà ce qu’il doit penser, ce bon cheval, et c’est ce que vous ne pouvez comprendre. Pourtant, vous n’avez pas été sans remarquer une chose qui frappe les yeux et le cœur de tous ceux qui voient et qui aiment : Voici un charretier qui sort du cabaret, la lanière de son fouet enroulée sur ses épaules — ses chevaux hennissent en le reconnaissant, ils n’attendent qu’un ordre pour se jeter dans le collier — déjà, leurs jarrets sont tendus — et le charretier saluant le marchand de vin, vient lentement saisir la guide qui dirige le cheval de devant, il caresse son limonier, et… hue ! les amis ! en route !… et voilà le lourd fardier enlevé, démarré et roulant. Qu’est-ce que cela prouve ? Cela prouve que le cheval sent les bons traitements de son bon charretier, qu’il a confiance en lui, qu’il l’aime, qu’il ne le craint pas et qu’il est tout à son travail.

Au contraire, voyez ce charretier bourru, aviné, qui s’avance en jurant, criant après ses chevaux ! Ceux-ci tremblants et craintifs, se jettent instinctivement de côté pour éviter l’inutile correction qu’ils ont l’habitude de recevoir après chaque halte. En effet, le charretier brandit son fouet, et la lourde et impitoyable lanière cingle les jarrets du limonier et des autres chevaux, et voilà ce lourd véhicule entraîné au trot ! Pauvres chevaux ! Qu’est-ce que cela prouve encore ? Cela vous prouve que le cheval sent les mauvais traitements de son mauvais charretier, qu’il le craint, qu’il ne l’aime pas et qu’il se fatigue nutilement dans d’inutiles efforts.

Ainsi, je pense que vous ne me direz plus que le cheval ne sent pas comme nous, et si, vous en êtes bien convaincus, ménagez-le donc, et soyez pour lui plus doux et plus humains !

Christophe. — Tout ce que vous venez de dire est très-juste ; mais, que l’on soit bon ou mauvais charretier, ç’a n’empêche pas que si la voiture est trop chargée, et que les chevaux ne puissent démarrer, ce n’est pas de not’faute, à nous, c’est celle de not’maître ; tant pis pour lui et pour ses chevaux, s’il nous donne des rosses ou des ordres de tant mettre sur une voiture.

Jean. — Bien, j’admets cela, c’est la faute du maître ; mais, est-ce celle du cheval, tant rosse soit-il ?… Non, n’est-ce pas ? alors, pourquoi le frapper toujours et quand même, puisque vous savez que le cheval n’est pas fort ou que la voiture est trop chargée ? — Dans ce dernier cas, que faut-il faire ? — Il faut décharger une partie du chargement sur la voie publique, ou attendre un renfort quelconque, n’importe d’où il vienne, si le déchargement ne peut se faire.

Si le maître est dans ses torts, il le reconnaîtra aisément et ne vous adressera pas de reproches ; si, au contraire, vous arrivez à destination après avoir rendu malade un cheval ou plusieurs chevaux, le maître vous exprimera son mécontentement en vous renvoyant. Et alors, pour avoir commis une mauvaise action, vous perdez votre salaire et celui de vos enfants ! Soyez donc humains, doux, compatissants envers les animaux, vous n’avez qu’à y gagner ; et chaque soir (en vous couchant), vous n’avez pas à vous reprocher (si vous avez tant soit peu de cœur), d’avoir été, pendant toute une journée, le bourreau d’un cheval.

Nicolas. — Je vous écoute, maître Jean ; mais je voudrais bien savoir comment vous feriez avec un lourd fardier ne pouvant démarrer d’une profonde ornière d’un chantier au sol défoncé ; oui bien, je voudrais vous y voir, avec votre morale, si elle ferait démarrer !

Jean. — Dans ce cas là, Nicolas, comme dans tous les autres, il ne faut jamais oublier la morale dont tu as l’air de rire ; et puis, il faut selon les circonstances, avoir du jugement, de la réflexion ; il faut montrer que

  1. Extrait d’un opuscule manuscrit présenté par M. Salle, vétérinaire aux Dragons de l’Impératrice. Ce travail a été honoré d’une médaille de bronze au concours ouvert par la Société de Paris : il a pour but de faire comprendre aux charretiers et cochers qui ont tout intérêt à être humains envers les animaux.