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protéger M. Forget, il ne taxait pas les spéculations sur marge. Vous êtes démenti par la loi elle-même qui dit exactement le contraire.

Vous avez MENTI quand vous avez prétendu que l’hon. M. Lemieux et un autre chef libéral vous avaient offert un portefeuille de ministre dans le cabinet Gouin. Vous avez été démenti par l’hon. M. Lemieux.

Vous avez MENTI en faisant jouer à M. L. J. Lemieux, député de Gaspé, un rôle d’entremetteur auprès de « La Patrie. » — Vous avez été démenti par M. L. J. Lemieux lui-même et M. L. J. Tarte, gérant de « La Patrie ».

Vous avez MENTI en affirmant que M. J. C. Langelier et M. Parent faisaient remise des droits de coupe à certains marchands de bois.

M. C. Langelier, ainsi que Thon. M. Parent vous ont démenti sous leur propre signature.

Vous avez encore MENTI, lorsque vous avez prétendu que j’avais vendu pour $65.00 une mine que M. McKenzie avait revendue pour deux millions.

J’ai prouvé et je suis encore prêt à vous prouver, documents en mains, que la Northern Gold Field n’avait pas acheté un pouce de terrain.

Vous avez encore MENTI lorsque vous avez accusé l’hon. M. Taschereau d’avoir organisé des gens pour vous jeter des pierres à l’assemblée de Québec. M. Taschereau l’a nié sous sa signature et a poursuivi « La Patrie » qui a publié ce mensonge, sous forme d’interview.

M. Bourassa, vous qui reprochiez à M. Tarte à Laprairie, de ne faire que des insinuations et de ne pas offrir de preuves patentes, rendez-donc compte à cette assemblée de l’INSINUATION MENSONGÈRE que vous faisiez à Ste-Martine, contre le gouvernement, en faisant entendre que ce dernier, pour se procurer des fonds d’élections, votait un gros subside en terre, pour un chemin de fer du lac St-Jean à Chibougamoo.

Je donne à cette ACCUSATION PERFIDE le démenti le plus formel et je vois là que vous n’êtes pas scrupuleux sur vos moyens pour démolir les réputations de nos hommes publics et le gouvernement. Quant à moi, vous le voyez, électeurs de Terrebonne, je n’ai pas craint et ne craindrai jamais de faire face à mes accusateurs, je vous ai rendu compte de mes actes, loyalement, sincèrement. Je suis prêt à faire plus.

Je suis prêt à suivre l’exemple de M. Turgeon et à DONNER MA DÉMISSION COMME DÉPUTÉ DE TERREBONNE, SI M. BOURASSA S’ENGAGE À SE PRÉSENTER CONTRE MOI à l’élection qui suivra.

Nous ferons remarquer que M. Bourassa dont le journal s’offusque si bruyamment de voir les ministres négliger les défis insolents de ses compagnons en quête de notoriété, a absolument négligé de relever ces défis.

Ils restent sans réponse.

Un homme public qui s’est laissé traiter ainsi de menteur, qui a refusé le défi qui lui était lancé, de prouver sa bonne foi et qui reste volontairement sous une accusation de fausseté est, en vertu de tout code d’honneur, déqualifié du privilège de défier personne.

Qu’il aille d’abord SE LAVER.


M. BOURASSA

JUGÉ PAR UN EX-COLLABORATEUR


Il y eut, une fois dans la politique canadienne, un trio d’hommes politiques dont l’influence fut énorme. Ces trois hommes, très supérieurs, chacun dans sa sphère, se complétaient les uns les autres et aussi longtemps qu’ils restèrent étroitement unis, ils exercèrent une puissance presque irrésistible.

L’un était un orateur adoré des foules, un autre était un homme d’action hardi, avisé, habile et énergique ; le troisième — le seul qui survive aujourd’hui — était la tête qui concevait les plans, dirigeait les manœuvres, préparait les moyens, organisait le succès et en assurait les résultats.

Nous ne mettrons pas les noms sur ces portraits que reconnaîtront tous ceux qui ont suivi la politique canadienne entre 1880 et 1895 et qui se rappellent la fameuse « chambre bleue » à Ottawa.

À eux trois, ils pouvaient faire de grandes choses ; isolés, ils eussent été peut-être aussi impuissants que l’est M. Bourassa à influencer les destinées politiques du Canada.

Car M. Bourassa, dont nous avons toujours reconnu le grand talent oratoire, n’est, en fin de compte, qu’un orateur brillant ; il n’est ni un organisateur, ni un homme d’action. Et son incommensurable vanité l’empêchera toujours de s’adjoindre, avec le partage d’influence que cela comporte, des collaborateurs qui pourraient le compléter.

Cette appréciation du caractère du chef nationaliste, dont nous avons souvent fait part à nos lecteurs, vient d’être confirmée d’une manière bien inattendue par l’un de ceux qui connaissent le mieux M. Bourassa, par l’un de ceux qui ont le plus vécu dans son intimité, par un précurseur presque, par un des fondateurs du nationalisme, M. Olivar Asselin.

On nous permettra bien de citer ce que M. Asselin dit de M. Bourassa dans l’« Ac-