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C’est encore M. Chancy qui l’interroge :

Q. Qu’aviez-vous à faire ? — R. J’étais obligé de recevoir à peu près de la même manière que les autres secrétaires, et d’occuper des chambres plus spacieuses, parce qu’il venait souvent des personnes désirant voir les commissaires. Toute personne voulant rencontrer les commissaires, s’adressait à moi, tandis que les autres fonctionnaires publics s’y trouvaient pour les fins du gouvernement canadien.

Q. Oui. Alors vous déclarez qu’une certaine partie au moins de cet argent a été employée par vous à des frais de réception ? — R. Je n’appellerais pas cela frais de réception. Comme je l’ai déjà dit, tant à Québec qu’à Washington, j’ai dû prendre deux chambres, une chambre à coucher et un petit salon, et recevoir beaucoup de personnes qui venaient me voir en ma qualité de secrétaire de la commission.

Q Avez-vous donné quelques réceptions ? — R. Probablement de temps à autre une petite réception. J’AI PROBABLEMENT INVITÉ AU GOUTER ET AU DINER QUELQUES-UNS DES DÉLÉGUÉS VENANT DEVANT LA COMMISSION, DE MÊME QUE QUELQUES-UNES DES PERSONNES ATTACHÉES À LA COMMISSION.

Q. Et ces réceptions entrent pour une part dans la dépense de deux mille cent ? — R. Certainement. Toutes Les dépenses que j’ai faites pour la commission font partie de cette somme. Je n’ai pas pris de l’argent venant de source extérieure, mais je n’en ai pas contribué du mien.

Q. Avez-vous dépensé de votre argent pour les soins de ces réceptions ? — R. Non, quand c’était pour la commission ; non, surtout vu que je ne recevais pas un centin de salaire. Je n’ai pas cru devoir faire la charité aux gouvernements britannique et canadien. ( Page 13).

Très généreux, M. Bourassa, aux frais de la princesse.

L’hon. Foster, insiste :

Q. Vous ne saisissez pas ma question. Je ne veux pas mentionner vos dépenses personnelles. Vous avez dépensé $2,200 et vous justifiez cette dépense à titre de dépense spéciale en raison du poste de secrétaire que vous occupiez ? — R. D’une manière générale, elle a consisté à recevoir, par exemple, à Québec et à Washington, les personnes qui désiraient s’entretenir avec les commissaires, et, en conséquence, il fallait fixer une date pour les audiences avec lord Herschell ou sir Wilfrid Laurier.

Q. Cela état-il dispendieux ? — R. Il me fallait en conséquence avoir deux chambres. De plus, j’étais obligé de les recevoir, et, dans certains cas, les inviter au goûter ou au dîner.

Q. Cela constituait une très forte partie de votre dépense ? — R. Cela comptait pour quelque chose au Château Frontenac et à l’hôtel Gordon.

Q. Quelque chose, mais était-ce une très forte partie de votre dépense ? — R. Je suppose que cela pourrait figurer pour environ trois ou quatre cents dollars.

Q. Avez-vous tenu quelques notes en rapport avec cela ? — R. Oh ! non, pas d’item.

Q. Vous ne pensiez pas que ce fût nécessaire ? — R. (Pas de réponse.) (Page 17).

Et voilà toute l’histoire !

M. Bourassa a été secrétaire accessoire de la commission.

Q. Et lord Hershell ayant amené M. Cartwright, vous n’étiez plus requis ? — R. Bien, l’on décida qu’il valait mieux (je ne sais pour quelle raison) qu’il y eût un secrétaire canadien, à cause des nombreuses délégations se rendant auprès de la commission. (Page 15).

En somme, il était chargé de faire dîner et boire les délégués, et de les amuser.

Il a reçu pour cette fin, $2,200.

On lui a demandé des comptes.

Il a refusé d’en rendre.

MAIS IL A RESTITUÉ $1.10.

Comme repu, je crois que celui-là atteint la limite !

Voici l’homme qui se drape dans sa dignité, qui traite ses adversaires de repus, de voleurs, d’affamés.

Il se goberge aux frais du Canada, il offre des dîners et du vin, et quand on lui demande quelques détails, il refuse.

Il est trop grand pour d’abaisser devant un comité composé de REPRÉSENTANTS DU PEUPLE.

Le voilà l’homme qui veut tout soumettre au peuple, sauf les dépenses qu’il fait à même l’argent de ce pauvre peuple qui sue et peine pour le gagner.


LE PROGRÈS ET L’OBSTRUCTION


L’Opposition aura beau faire, le gouvernement libéral continuera, après avoir reçu une nouvelle approbation du peuple, sa marche vers le progrès.

LE TRUST


BOURASSA. — Qu’est-ce que t’as, Monk, t’as l’air ben jongleux ?
MONK. — J’ai dans l’idée que si on entreprend une tournée avec c’te ménagerie-là, on clairera tant seulement pas nos dépenses !


Les trois places de M. Bourassa et ses Contradictions.


M. Bourassa est accusé d’avoir sollicité trois places du gouvernement. Pour le commun des mortels, ce ne sera pas un crime. Mais pour M. Bourassa qui dénonce comme des vendus tous ceux qui occupent des places dans l’administration publique, sans compter ceux qui gagnent leur vie à rédiger des journaux libéraux, comme lui gagne la sienne à insulter ses compatriotes dans le « Devoir », le fait d’avoir sollicité des places du gouvernement est une preuve irréfutable de l’hypocrisie de son désintéressement, du motif de dépit et de haine qui dirige ses actions.

Donc, il s’agit de prouver que M. Bourassa a bel et bien sollicité les trois places et que sa haine contre Sir Wilfrid Laurier provient de ce qu’il n’en a obtenu aucune.

Tout aristocrate, seigneur, fils et petit-fils de seigneur qu’il soit, cet homme dont le « Devoir » vante l’absence de sens pratique a bien su, lorsqu’il était secrétaire de la Haute Commission internationale, se faire remettre $2,000 pour ses dépenses — lesquelles d’autre part étaient payées par le trésorier de la commission — et n’a jamais voulu en rendre compte.

Pour un homme désintéressé et manquant de sens pratique, on voit déjà qu’il sait bien ne pas négliger ses intérêts personnels.

Ce petit incident nous permet de mieux comprendre pourquoi il sollicitait l’une après l’autre les trois places en question : D’abord, la place de maître de poste de Montréal, ensuite la place de commissaire du Canada à Paris ; et enfin, la place de vice-président de la Chambre.