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M. Bourassa pour juger M. Borden dans l’Ouest, une contradiction avec des faits plus éloignés et plus graves.

Il a dit que c’est lui qui a préparé la motion présentée aux Communes par M. Monk, demandant que la question de la réciprocité fût d’abord soumise au peuple, motion pour laquelle M. Borden et la plupart de ses partisans ont voté.

Or, dans la province de Québec, M. Bourassa prêche que c’est une question libre, sur laquelle on peut voter comme on voudra. M. Lavergne affirme que c’est une question de chiffres, c’est-à-dire une question secondaire. Alors, pourquoi un plébiscite ?

Dans l’Ouest, on félicite M. Borden de dire aux « Grain-Growers » qu’ils ne savent pas ce qu’ils veulent ; qu’ils se trompent en croyant que la réciprocité puisse leur être avantageuse. Alors, à quoi bon les consulter ?

Il faudrait en conclure qu’il n’y a que l’opinion des industriels et des financiers d’Ontario qui compte ; que ce serait à eux seuls de décider, pour tout le pays, si nous devons adopter ou rejeter la convention douanière !

Avouez que c’est bizarre autant qu’étrange !


ONCLE SAM — : Sais-tu, Baptiste, que c’est ben malcommode cette clôture entre voisins ?
BAPTISTE — : Patience, mon oncle, j’suis à la veille de mettre la hache dedans !

L’ŒUVRE DE M. BOURASSA.

UN ARTICLE DE LA « VIGIE »


Depuis quinze ans, les Canadiens-français avaient su considérer les problèmes politiques au point de vue de tout le Canada et non point au point de vue limité de leur seule province. Bourassa a rétréci leur esprit public, il l’a borné aux intérêts de Québec.

Depuis 15 ans, Laurier avait travaillé à l’union des races en ce pays, à la paix religieuse, à la consolidation de la confédération canadienne ; Bourassa a jeté le cri de race, il a ligué les protestants contre les catholiques ; il a réveillé la vieille animosité entre Québec et les provinces anglaises.

Depuis 15 ans, le parti libéral avait enseigné au peuple de cette province à respecter l’Angleterre, source de toutes nos libertés. Bourassa ameute notre race contre la Métropole, il jette dans le cœur de ses concitoyens, la haine et le mépris de l’Anglais, il incite notre province à la trahison et à l’oubli de ses devoirs les plus sacrés.

Depuis 15 ans, le gouvernement avait transformé notre statut national ; de colonie — inconnue et sans pouvoirs — nous sommes devenus une nation, dont le nom est partout respecté et dont les pouvoirs s’accroissent sans cesse. Bourassa veut nous rabaisser au rang des Crown Colonies, endiguer notre glorieuse course vers de nobles destinées.

Depuis 15 ans, la politique — dans cette province — avait atteint un niveau plus élevé, elle s’était dégagée des personnalités, des stériles disputes ; les questions politiques se discutaient à leur mérite et sur un ton poli. Bourassa prend les Canadiens-français pour des mal-élevés, il écrit comme un voyou, il parle comme un polisson, il affectionne les mots dont un homme, ayant quelque sens de la décence et du bon goût, ne se sert jamais.

Depuis 15 ans, l’autorité civile et religieuse était entourée de respect et de vénération. Bourassa a craché à la figure de nos magistrats les plus distingués, il a bavé sur nos ministres les plus compétents, il a couvert de boue nos personnalités les plus marquantes.

Depuis 15 ans, notre clergé, obéissant aux ordres de Notre-Saint-Père se confinait à l’exercice de ses saintes fonctions et avait quitté l’arène politique. Bourassa a entraîné plusieurs membres du clergé sur ce terrain, où leurs soutanes se souillent au contact des saletés et des immondices que leur protégé y entasse, où leurs écarts de langage et de leur conduite sapent leur caractère de prêtres respectés, où leur ingérence intempestive et leurs préférences irraisonnées mettent en danger leur influence religieuse sur le peuple, à cause de la juste colère et de la légitime indignation qu’elles soulèvent chez tous les honnêtes gens.

L’Église — en ce pays — offrait le spectacle d’un corps uni. Bourassa y sème la discorde et la désunion, il a créé un malaise considérable entre le clergé anglais et français de Dominion, il y a suscité une guerre intestine fructueuse en résultats néfastes pour l’Église, déplorables pour les fidèles.

C’est là l’œuvre de Bourassa. Œuvre de destruction nationale, de dégradation civile et religieuse. Voilà l’homme qu’il faut détruire. Voilà l’homme qu’il faut écraser pour sauver notre pays de la guerre civile, notre province de la honte, notre religion de la ruine.

(La « Vigie ».)


MONK — : Ma conscience ! on dirait que not’vache diminue tous les jours !
BOURASSA — : Oui, ça va ben forcer, si on en tire un p-tit verre à patte.

M. BOURASSA SUR LA DÉFENSIVE.


M. Bourassa aime bien à attaquer. Pour se défendre, il est moins fort. Il a la défense entortillée comme tous les gens à conscience troublée.

Il préfère laisser passer l’orage ou répondre par d’autres insultes.

Au mois de juillet, l’hon. R. Lemieux, insulté, vilipendé, diffamé grossièrement par M. Bourassa entreprit la besogne peu odorante de dépouiller le fantoche de ses oripeaux et de montrer dans toute sa laideur